Un bel été

Editorial pour le numéro 80 du journal « Tous Montreuil » du 10 juillet au 10 septembre 2012

Après le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault et l’ouverture d’une session extraordinaire qui se tiendra tout au long du mois de juillet, le Parlement est entré dans le vif du sujet avec l’examen des comptes de l’année écoulée et l’examen du « collectif budgétaire ». Un terme abscons pour qualifier la loi de finances qui rectifie en cours d’année le budget de l’État en fonction des priorités politiques et des nécessités économiques.

Abrogation de la TVA « sociale », dont chacun a compris qu’elle ne l’était pas, contribution exceptionnelle des assujettis à l’ISF, taxe sur les profits des pétroliers, suppression de l’exonération des cotisations des heures supplémentaires des entreprises… Il s’agit, et ce n’est une surprise pour personne, de trouver 7 à 10 milliards d’euros, en combinant des recettes nouvelles, et aussi, c’est moins agréable mais c’est nécessaire, en faisant des économies !

On peut et on doit débattre des choix qui seront faits en la matière. Moi, par exemple, je partage l’avis de Michel Rocard sur la dissuasion nucléaire. Conçue à l’époque de la guerre froide pour fixer un équilibre de la terreur entre deux blocs surarmés, elle ne sert plus à rien dans un monde multipolaire, où les risques – les groupes erratiques qui détruisent les mausolées de Tombouctou et terrorisent la population du Nord Mali ; le terrorisme au coeur de nos villes, qu’il soit le fait de groupes organisés ou de dérives isolées, comme ce fut le cas pour la tragédie de Toulouse en mars dernier ; les nationalistes religieux d’Iran ou du Pakistan ; les pirates de l’océan Indien – ne peuvent être réduits par une ou des bombes.

La dissuasion nucléaire fait-elle de la France un pays qui compte, un « grand pays » ? L’Allemagne, qui n’en dispose pas, en est-elle handicapée, en termes d’influence et pour sa propre défense ? Ne pourrions-nous pas utiliser de façon plus efficace les 3 milliards consacrés chaque année au maintien de la force de frappe ? Fallait-il, comme l’a fait le président Hollande, se rendre à bord du Terrible, un sous-marin lanceur d’engin, le 4 juillet, pour y confirmer qu’on ne changerait rien ? Le sujet reste-t-il tabou dans la France de 2012 ? Le rôle du président de la République n’est pas simple, j’en conviens… mais dans une démocratie moderne, il doit pouvoir faire débat. Comment concilier le réalisme diplomatique, qui commande qu’on dialogue, avec courtoisie et fermeté, avec ceux dont on combat par ailleurs les analyses et les choix, et le respect des valeurs et des symboles auxquels on est attaché ? Fallait-il recevoir Ali Bongo à l’Élysée, une semaine à peine après Aung San Suu Kyi ? Quelle fierté de voir la seconde sur les marches de l’Élysée, quelle gêne d’y trouver le premier…

Dans l’urgence, d’autres mesures sont prises, indispensables, qui permettront d’encadrer les loyers – enfin… il y avait tant d’abus, à Montreuil autant qu’ailleurs –, de punir le harcèlement sexuel ou de permettre à ceux qui ont commencé à travailler tôt de prendre leur retraite, comme promis, à 60 ans. Le gouvernement travaille, et navigue en des eaux tumultueuses, avec des vents contraires. Je lui souhaite courage et lucidité en ces temps difficiles. Et, à vous, un bel été plein de belles rencontres, de curiosité, de détente et de paix.

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