Rythmes scolaires : oui, mais pas sans vous ! Mon édito dans Tous Montreuil du 29 janvier 2013.

Pauvres enfants… On a si rarement tenu compte de leurs besoins dans l’organisation de l’école ! C’est parce que leurs jeunes bras étaient irremplaçables dans les champs qu’une longue pause estivale, de plus de deux mois, fut mise en place au siècle dernier. Et c’est parce que les professionnels du tourisme ont toujours pesé sur les gouvernements successifs que le rythme des grandes et des petites vacances a été et reste si difficile à modifier.

De même pour l’organisation de la semaine… Tous les professionnels de l’enfance, tous les pédagogues en conviennent : les rythmes scolaires actuels – deux jours d’école, un jour de congé, deux jours d’école, un long week end –  n’ont pas été mis en place dans l’intérêt de l’enfant et ne collent pas à leur façon d’apprendre.

Sur le principe, tout le monde semble d’accord : il faut revenir à une semaine de cinq jours, mais des journées d’apprentissage plus courtes, prolongées par des activités sportives, culturelles,  associatives… au sein de l’école ou non.
Inutile donc de le préciser : l’annonce de Vincent Peillon, ministre de l’Education, quelques jours à peine après sa prise de fonctions, nous a réjouis.

Sur le papier, ça semble simple. C’est évidemment une autre paire de manches quand il s’agit de modifier les horaires de centaines de milliers d’enseignants, et de trouver les moyens permettant à toutes les communes, petites ou grandes, riches ou moins riches, d’organiser matériellement et d’assumer financièrement, les heures libérées par l’école.

Ou, pour ce qui concerne Montreuil, de bouleverser en quelques semaines – nous sommes censés prendre une décision avant le 1er mars – l’organisation de 46 (et bientôt 49) écoles, de repenser (en les négociant avec eux) les horaires de plus de 900 agents, de proposer aux clubs sportifs, aux associations, aux écoles de musique ou de danse, d’adapter eux aussi leur offre à cette évolution des rythmes. Le tout sans connaître la règle du jeu exacte, le décret de mise en place de la réforme n’étant pas encore paru.

La position de la ville, que j’ai exposée aux parents d’élèves début décembre, est et reste simple  : nous soutenons la réforme des rythmes scolaires, et nous serons prêts, quel que soit votre choix, 2013 ou 2014, mercredi ou samedi, mais ce choix, nous ne pouvons le faire sans vous.

Depuis, la discussion s’est envenimée, au niveau national, avec un vote négatif du conseil supérieur de l’éducation et une mobilisation enseignante aux contours variés, comme au niveau local, où beaucoup restent traumatisés par la modification en force des rythmes en 2007… Une année pré-électorale, déjà…

La priorité pour moi reste l’intérêt des enfants. Ils n’ont intérêt, ni au statu quo – la réforme est nécessaire ! – ni à la guerre scolaire et au climat de tensions que provoquerait un passage en force ou une mise en place dans de mauvaises conditions. C’est pourquoi j’ai  demandé à Catherine Pilon, première adjointe à l’Education, qui pilote les différentes instances de travail sur le sujet, de poursuivre la concertation, dans la perspective raisonnable d’une mise en place des nouveaux rythmes à la rentrée 2014.

Dominique Voynet, Maire de Montreuil

@DominiqueVoynet

Remonter