Tous ensemble

Editorial pour le numéro 43 du journal « Tous Montreuil » du 26 octobre au 8 novembre 2010

Vendredi matin… Tout est calme à Montreuil, au moment où j’écris ces lignes. Tout est calme devant les collèges et les lycées «en ce dernier jour avant les vacances ». Une preuve, une de plus, de la sagesse de nos enfants. Ils se sont mobilisés contre une réforme des retraites injuste, dont ils ne connaissent pas tous les détails mais dont ils perçoivent bien qu’elle compliquera davantage encore leur entrée dans la vie active, comme on dit. Ils l’ont fait avec le souci constant de n’être récupérés ou manipulés par personne, et ils y ont gagné le respect des militants plus expérimentés. Ils l’ont fait avec le souci d’assurer la sécurité de tous, et en rejetant à chaque instant la tentation de la violence.

Chaque gouvernement, chaque élu, redoute ce moment où les jeunes descendent dans la rue. C’est aussi, je l’admets, mon cas. Pas parce que je leur en contesterais le droit ! Pas parce qu’ils seraient irresponsables et qu’il faudrait les protéger d’eux-mêmes ! Mais parce que, plus que d’autres, ils sont vulnérables.

Il se trouvera évidemment des habitants pour considérer que Geoffrey, 16 ans, atteint au visage par un tir de flash ball alors qu’il tentait, avec quelques dizaines d’autres lycéens de son âge, de bloquer l’entrée de son lycée, n’aurait pas dû se trouver là… Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il ne constituait une menace pour personne ! Et qu’il n’aurait pas dû être pris pour cible par un policier. Geoffrey a été opéré hier jeudi. L’intervention s’est bien passée, confirment ses parents. C’est un soulagement pour nous tous.

Cette bavure – il n’y a pas d’autre terme pour qualifier ce dérapage inacceptable – aurait pu avoir de terribles conséquences. Pour Geoffrey lui-même. Et au-delà, pour nous tous.

Cela n’a pas été le cas, et je m’en réjouis profondément.

Il faut à cet instant rendre aux jeunes de Montreuil ce qui leur appartient – une sagesse dans le raisonnement et une maturité dans l’action – qui leur ont permis de ne pas céder à la colère. Remercier les parents, les élus, les enseignants et les directeurs des établissements, les militants syndicaux et le personnel communal, de leur présence vigilante. Et inviter les policiers, dont la plupart sont conscients de la gravité des événements, à revenir à l’essence de leur mission : protéger les citoyens.

Tous ensemble, attentifs, disponibles, responsables… pour défendre un savoir vivre et un savoir lutter qui constituent des éléments inestimables des valeurs et de l’identité de Montreuil.

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