Au fil des décennies, le regard porté par la société sur les personnes handicapées a évolué. Bien trop lentement diront certains. Ils ont raison. L’évolution est pourtant bien réelle, qui a permis de reconnaître la diversité des situations de handicap – moteur, sensoriel, psychique, mental – puis, très vite, d’admettre qu’il ne suffirait pas de faciliter l’accessibilité des lieux et services publics… et que l’enjeu, c’était de réunir toutes les conditions permettant une citoyenneté pleine et entière des personnes handicapées.

Si l’accessibilité est la règle pour les constructions neuves – je ne pourrais pas délivrer le permis de construire si ça n’était pas le cas ! – le réaménagement des bâtiments anciens (écoles, centres de santé, théâtres) est souvent très coûteux et parfois presque impossible. Rues et places doivent être,  elles aussi, repensées. Comment corriger l’exigüité d’un trottoir, assurer la sécurité d’un carrefour, remédier à une pente excessive, contourner une volée d’escaliers, assurer le respect des places de stationnement réservé et la civilité de l’espace public ? Beaucoup a été fait… et beaucoup reste à faire pour faciliter la vie quotidienne, de la modification des bornes et potelets à la pose de dalles podotactiles ou de signaux sonores destinés aux personnes malvoyantes, en passant par l’installation d’une boucle auditive au Méliès ou à la salle des Fêtes, l’adaptation d’un nombre suffisant de logements de l’OPHM, l’accueil dans les commerces, les restaurants ou les cabinets médicaux…

L’essentiel est sans doute ailleurs. Dans l’accueil des enfants handicapés dans les crèches et les centres de loisirs de la ville. Dans la scolarisation des enfants, au milieu des autres chaque fois que c’est possible, dans des structures adaptées si c’est nécessaire. Dans le soutien aux parents. Dans la poursuite des études et dans la construction de l’autonomie des adolescents et des jeunes adultes. Dans l’accès à l’emploi, en aménageant les postes de travail, et en veillant à former et informer tant les usagers et clients de l’entreprise que les collègues de travail, pour éviter les maladresses que génère la méconnaissance de la réalité du handicap. Dans l’accès aux pratiques culturelles et sportives, grâce à la mobilisation des associations et des clubs, de plus en plus attentifs et disponibles, ce dont je leur suis plus que reconnaissante. Dans la possibilité concrète de participation aux lieux de concertation et d’expression dans la ville.

Pour les personnes handicapées et invalides elles-même, pour leurs familles, pour l’idée que nous nous faisons de la vie en commun, et du soin que nous avons les uns des autres, nous devons nous montrer à la hauteur.

Dominique Voynet,

Maire de Montreuil

@DominiqueVoynet