Quelle politique pour nos déchets ?
Editorial pour le numéro 73 du journal « Tous Montreuil » du 20 mars au 2 avril 2012
C’est une réalité triviale : nous produisons toujours plus de déchets, de toute nature… Déchets ménagers, déchets verts, déchets hospitaliers, déchets des entreprises, déchets« spéciaux »… Des déchets dont la prise en charge et le traitement pèsent lourd, sur le budget des particuliers, qui règlent la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, des entreprises, des collectivités.
Pendant très longtemps, on ne s’est guère posé la question du devenir de ces déchets.
Une fois, deux fois, trois fois par semaine, on sortait les poubelles sur le trottoir, confiant à des hommes en gilet jaune le soin de nous en débarrasser… De loin en loin, on emmenait un appareil électroménager hors d’usage, ou des pots de peinture desséchée, à la déchetterie.
Au fil des ans, nous sommes devenus plus conscients des conséquences de nos comportements de consommateurs. Nous avons pris l’habitude de trier le verre, de déposer nos piles dans les conteneurs ad hoc, et de rapporter les médicaments inutilisés à la pharmacie, au lieu de les jeter dans les toilettes ! Nous avons découvert, effarés, les images terribles de la décharge d’Entressen, qui accueille les déchets de Marseille. Nous avons partagé les inquiétudes des riverains de ces usines d’incinération qui, à Maubeuge ou Gilly-sur-Isère, ont craché des dioxines toxiques, empoisonnant l’air, le sol, le lait, les hommes… sans forcément nous demander ce que devenaient exactement les déchets de Montreuil, après leur transport au « centre de transfert » Romainville, conçu pour accueillir, à hauteur de 350 000 tonnes par an, les déchets de 17 communes.
Ce débat, nous allons l’avoir. Car le SYCTOM – le syndicat qui traite nos déchets – projette d’implanter, avec le soutien de l’ADEME, une usine de méthanisation-compostage de grande capacité sur le site de Romainville, à trois kilomètres de nous à peine, à vol d’oiseau. Partout, à Romainville bien sûr, à Noisy-le-Sec, à Bobigny, le débat s’est engagé, vif parfois, solidement argumenté le plus souvent. Au-delà des inquiétudes (justifiées) de ceux qui dénoncent la taille de l’usine, qui doutent de l’efficacité du tri mécano-biologique (destiné à améliorer la «matière première » et donc à garantir l’efficacité du traitement), et qui craignent la dégradation de leur cadre de vie, il s’élargit : quelle politique pour nos déchets ? Quelle implication des citoyens pour en réduire le volume et la toxicité, pour trier, réparer, recycler ? L’enjeu est considérable : contenir les coûts de collecte et de traitement ; protéger l’air, l’eau, les sols ; protéger la santé et la qualité de vie de chacun de nous.