Pourquoi le renouveau est-il nécessaire ?
Libération organisait, le week-end dernier ? Grenoble, les Etats Généraux du Renouveau.
Invitée le 18 juin ? participer ? la table ronde d’ouverture de ce forum, avec Jean-Paul Delevoye et Michel Destot notamment, Dominique Voynet a également vu sa tribune publiée dans le journal Libération ce jour-l? …
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Enjamber le siècle, inventer la vie qui va avec le monde qui vient. Comprendre les changements du monde et les bouleversements qu’ils entraînent et entraîneront dans nos vies. Constater qu’un enfant qui naît aujourd’hui affrontera concrètement le dérèglement climatique, les tensions énergétiques et l’épuisement des ressources naturelles. Et admettre que décidément, les idées et les programmes d’hier ne suffiront pas. Et pourtant : alors qu’on les croyait balayés par l’effondrement, qu’on espérait conjoint et durable, de la finance internationale et du système de croyances qui l’animait, on voit revenir, nullement moribonds, les vieux réflexes. Austérité, dérégulation, thérapies de choc infligées ? des pays fragilisés tour ? tour par les emportements des banques, puis par leur comportement spéculatif. Scorpions prévisibles, elles n’ont su résister ? la tentation de piquer ceux qui les ont secourues il y a ? peine quelques mois ; aujourd’hui, elles encouragent les puissances publiques ? rogner leurs moyens d’intervention. Le tout gouverné par une obsession du court-terme incompatible avec l’ampleur des chantiers ? engager. Après la faillite de Lehman Brothers, la messe était dite : plus rien ne serait jamais comme avant. Un an plus tard ? peine, la même « profonde ignorance » et la même « idéologie simplificatrice », selon les mots de Maurice Allais, grand économiste libéral revenu des « tabous indiscutés », menacent ? nouveau de déchirer un peu plus ce qu’il reste de cohésion, de solidarités, de vivre-ensemble. Le renouveau est un art difficile. Tenter un pas de côté, pour ne pas se résigner ? ce que « tout change pour que rien ne change ». Saisir notre chance aussi. Car la messe n’est pas dite. Rien ne nous autorise ? conclure des difficultés et des mutations en cours ? l’avènement inéluctable de la barbarie régnant sur un monde désolé. Sans aveuglement et avec lucidité, il nous revient de mobiliser ce qui ne s’achète ni ne se vend sur les places boursières : la générosité, l’intelligence, l’audace. Ne restons pas idiots, ni chacun pour soi, ni ensemble.