PLU PARISIEN : on peut encore explorer d’autres voies !

Déclaration d’élus Verts de Paris et de la banlieue

A quelques jours du vote du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Paris, on s’effraie déj? que les Verts, impénitents trublions de la majorité, s’abstiennent, voire votent contre le texte actuel.

Force est cependant de constater, ? l’issue de l’enquête publique, que les conclusions du commissaire enquêteur rejettent l’essentiel de leurs propositions et ce, malgré la très forte implication et le pragmatisme dont ils ont fait preuve dans les différents arrondissements.

Ce n’est pas que le texte soit resté en l’état : des centaines de micro contributions locales ont abouti ? une plus grande précision reconnue par l’ensemble des observateurs.

Mais son équilibre général continue ? faire débat :

Il est en effet assez probable que certaines conséquences des nouvelles règles , si le texte n’est pas amélioré, entrent en contradiction d’abord avec des engagements du contrat de mandature, ensuite avec les intérêts franciliens examinés d’un point de vue plus large que les seuls intérêts parisiens.

Un problème est notamment la répartition entre bureaux et logements sur les aménagements de la ville. Une première remarque : les secteurs pour lesquels les dérogations seront possibles représentent une part prépondérante du total des surfaces aménageables sur les années ? venir : elles correspondent largement aux Zones d’Aménagement Concertées (ZAC), principalement sur les friches de la périphérie parisienne et sur les friches ferroviaires.

Le périmètre de la ville n’étant pas infini, ? densité équivalente, ce choix conduit de fait ? sous développer le logement, notamment le logement social. Rappelons que la capitale est en dessous des fameux 20% de logements sociaux, pour une population de classe populaire et de classe moyenne qui, on l’ignore bien souvent, est éligible ? plus des 2/3 ? ceux-ci.

S’agissant des zones dans le périmètre du PLU lui-même, une de nos réserves tient au fait justement qu’il ne viendra pas compenser cette évolution prévisible. Bien au contraire, la « priorité au rééquilibrage de l’activité de bureau ? l’Est » ne fera qu’en accentuer le trait.

Au total, près de la moitié des surfaces aménageables proposées sont destinées aux bureaux et ? l’activité, environ 30% au logement et le reste ? différents équipements publics.

L’Ile de France est de surcroît la région européenne où l’investissement immobilier en locaux de bureaux est le plus rentable. Dans ce contexte, des règles permissives ou une tendance spontanée insuffisamment rééquilibrée ne peuvent qu’accélérer la tertiairisation de l’Est et amplifier l’exode des classes populaires et moyennes.

Cela signifie-t-il que les Verts s’opposeraient au développement de l’emploi dans les secteurs de la capitale jusqu’ici défavorisés ?

Évidemment non : D’abord, nous faisons depuis des années des propositions en matière d’emplois de service et d’emplois artisanaux.

Mais nous contestons surtout cette image d’Epinal « bureaux locaux = emplois locaux », quand celle-ci n’a pas été démontrée. . A titre d’exemple, sur les 8 communes de la communauté Plaine Commune en Seine Saint Denis, plus d’un million de m² de bureaux ont été créés depuis 2000. Or, le taux de chômage y stagne toujours ? 15 %.

La capitale compte aujourd’hui 1,5 emplois pour une personne active et le chômage dépasse la moyenne nationale. Et ce, en raison des caractéristiques du « sur chômage parisien », marqué par l’exclusion d’une main d’oeuvre cumulant faiblesse de qualification et…difficultés ? se loger.

Pour ces publics, le choix de la priorité donnée in fine au développement du bureau ne sera pas opérant et se traduira essentiellement par une aspiration vers Paris d’un ’emploi plus qualifié, actuellement situé dans les départements « périphériques « et même au-del?  !

Avec tous les coûts sociaux et humains de transports et les pertes de temps induites.

Cette priorité affichée de « rééquilibrage de l’activité de bureau en faveur des arrondissements de l’Est parisien » ignore le fait que ces quartiers sont depuis toujours insérés dans un ensemble beaucoup plus vaste, au sein duquel on les place de fait en situation de concurrence déstabilisante avec la banlieue ..

Il suffit de prendre un peu de recul avec la carte parisienne pour constater que, de toute évidence, cette politique n’aboutira dans les faits qu’? une captation encore plus grande de la taxe professionnelle au profit de la métropole capitale, engoncée dans ses frontières administratives actuelles.

Et ce, au détriment des zones immédiatement périphériques et plus lointaines, dont l’actualité récente nous a démontré les difficultés sociales extrêmes.

On voudrait démontrer que le choix du début de cette mandature de ne pas augmenter même de façon minime les impôts aboutit ? pomper de la richesse fiscale sur le dos des citoyens vivant au-del? du périphérique, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Comment dès lors sortir de la quadrature du cercle en répondant ? l’impératif du logement (ne pas repousser extra-muros les catégories sociales et populaires d’un Paris en voie de « Londonisation »), sans pour autant encourager le dumping urbanistique et fiscal des collectivités entre-elles ?

Il est plusieurs évolutions possibles et raisonnables :

Au niveau parisien, en revisitant le « rapport bureau logement » sur les secteurs dans et hors PLU : Plus globalement, il est impératif de décorseter les périmètres de nos politiques locales qui aboutissent ? des prises de décision parisiano-centristes au détriment des banlieues déshéritées.

Seule une logique d’agglomération permettra de briser le carcan des 105 km² de Paris par la création d’une entité intercommunale, d’un établissement foncier régional et le regroupement de compétences publiques.

Elle pourrait être financée par une ressource fiscale mutualisée (la taxe professionnelle) et redistribuée selon des critères inspirés d’une volonté écologique et sociale forte. La création d’un établissement public dédié aux politiques économiques et d’aménagement (et donc du logement), piloté par la région dont c’est la vocation stratégique naturelle, pourrait contribuer ? établir cette « nouvelle frontière » des politiques publiques, plus francilienne que parisienne.

Ces deux dernières années ont marqué notre démocratie de cris d’appels au secours d’une frange croissante de citoyens.

Pour changer d’échelle les solutions politiques et répondre ? la hauteur des défis écologiques et sociaux soulevés, il nous faut donc relever le double pari de la proximité et de l’efficacité.

Il faut dépasser les périmètres obsolètes et dénouer les nœuds de cette politique de « captation de la plus grande part de richesse fiscale » aux risques schizophrènes.

Face ? la gravité de la crise du logement sur Paris et en proche couronne, ce PLU doit accorder clairement sa priorité au logement. Alors le nouveau plan local d’urbanisme pourra être l’outil d’une formidable ambition.

Laurent Boudereaux Maire adjoint du 20° arrondissement Jean-François Blet, Conseiller de Paris René Dutrey, Président du Groupe Vert au Conseil de Paris Pénélope Komitès, Adjointe au Maire de Paris Francois Flores Conseiller de Paris, Président de la commission urbanisme et logement Bernard Jomier, Maire Adjoint du 19° arrondissement Mehdi Guadi et Jean-Marc Pasquet, secrétariat exécutif des Verts-Paris Aline Archimbaud Maire Adjointe au développement Economique Pantin Pierre Mathon Maire Adjoint ? l’urbanisme Bagnolet Dominique Voynet, Sénatrice de Seine Saint Denis

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