PLF 2010 : un budget de la défense sans stratégie.
A l’occasion de l’examen du budget de la mission Défense, dans le cadre du Projet de loi de Finances 2010, Dominique Voynet a interpellé, ce lundi M. Hervé Morin, ministre de la Défense, sur l’absence de stratégie dans l’élaboration de ce budget. Celui-ci est en décalage avec les ambitions affichées en matière de défense européenne et avec la réalité du contexte géostratégique.
« Rigoureusement conforme ? la loi de programmation militaire, comme vous l’avez annoncé, ce budget exprime la stratégie du Président de la République élaborée dans le Livre blanc de la défense. A l’heure des déficits abyssaux, restructurations et mutualisations ne sont pas anormales si la réorganisation territoriale répond ? une stratégie claire et cohérente. Laissons de côté les interrogations sur la sincérité et les incertitudes quant au cout des opérations extérieures ou ? celui de la réintégration dans le commandement intégré de l’Otan, que vous avez reconnu ne pas connaitre. Venons-en plutôt ? votre stratégie. Vous avez déployé des trésors d’argumentation pour nous faire croire que la France gagnerait en influence et que l’Europe de la défense se développerait mais quelques mois ont suffi ? montrer qu’il n’en est rien. Vous n’auriez d’ailleurs pas abordé le sujet ? l’Assemblée nationale si on ne vous avait pas interrogé. La France s’en remet désormais ? l’Otan et aux États-Unis pour décider des opérations en Afghanistan et, en opérant un virage sur l’aile, on nous explique qu’on n’augmentera pas notre effort dans ce pays. L’Agence européenne de défense est dépourvue de moyens et vous semblez gêné sur la dissuasion nucléaire. Nous savons qu’elle ne nous protège pas des menaces réelles mais qu’elle gêne nos partenaires malgré nos prétentions, au grand dam de M. Chevènement. Quels sont donc les points forts de votre stratégie, ce budget est-il adapté aux enjeux et ? leur dimension européenne ? »
M. Hervé Morin, ministre: – « Comment répondre en deux minutes ? 25 questions ? Mais j’y avais déj? répondu en commission ou pendant la discussion générale. Notre stratégie de défense est simple. Le format resserré impose un effort très important aux personnels mais il permet de préserver notre indépendance et notre sécurité ; la loi de programmation militaire consacre 18 milliards ? l’équipement, soit 3 milliards de plus que dans la précédente programmation, de manière ? maintenir la dissuasion nucléaire, ? rester leader en Europe et ? entraîner les Européens dans cette défense propre aux Européens, ? laquelle nous aspirons. C’est en étant exemplaires que nous pourrons inviter nos partenaires ? cette belle aventure symbolique d’un avenir commun ».
Dominique Voynet : « Vous venez de valider mon intuition. Nous aurons ? investir beaucoup pour la réintégration du commandement intégré de l’Otan. Nous avons soutenu, pour les postes de président et de Haut représentant de l’Union, M. Van Rompuy et Mme Ashton, deux personnalités qui ne s’étaient pas beaucoup exprimées et dont on ne connaît pas les positions. Enfin, la dissuasion nucléaire coûte 3 milliards l’an et ne satisfait pas nos partenaires : tout cela n’est pas stabilisé ».