Permanence des soins : il y a urgence

Editorial pour le numéro 41 du journal « Tous Montreuil » du 28 septembre au 11 octobre 2010

Annoncée comme si de rien n’était dans la chaleur de l’été, au point de passer totalement inaperçue de nos concitoyens, la nouvelle a fait  l’effet d’une bombe dans le monde de la santé : la toute nouvelle Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France serait en train de préparer  une importante réforme de ce qu’on nomme dans le jargon de  l’administration sanitaire la « permanence des soins » et en langage  plus simple l’organisation des gardes.

De quoi s’agit-il ? De restreindre très fortement le nombre

d’établissements qui conserveraient, la nuit et en fin de semaine, une  garde chirurgicale et un service d’imagerie médicale (radiographie,   échographie, scanner, IRM). En Seine-Saint-Denis, il pourrait s’agir,   si l’on en croit les documents diffusés par l’ARS, de l’hôpital  d’Aulnay…

Il ne s’agit évidemment pas d’opposer l’hôpital d’Aulnay (avec lequel nous coopérons fort bien dans le domaine de l’urologie) et l’hôpital

de Montreuil mais de prendre conscience des conséquences de cette  réforme pour la sécurité des usagers et la qualité des soins. La  situation n’est déjà pas brillante dans notre département, confronté à  une sévère pénurie médicale, et qui bat des records en matière de  cancers, de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, de mortalité  infantile et maternelle… Si cette réforme était menée à terme, elle  conduirait à transférer de plus en plus de malades vers des hôpitaux  disposant d’une garde, vers Aulnay donc en théorie, mais aussi et  surtout vers les hôpitaux de Paris intramuros. On le pressent : à  terme, ce n’est pas seulement la chirurgie qui est menacée à  Montreuil, mais l’ensemble de l’accueil d’urgence (comment fonctionner  sans radiographie ? sans échographie ?) ; et aussi la maternité de  niveau 3 (compétente pour le suivi des grossesses à haut risque et la  réanimation des nouveaux nés). C’est inacceptable et dangereux.

Inacceptable pour les équipes, mobilisées au quotidien pour améliorer  la qualité des soins et aussi, depuis plusieurs années, pour rétablir  l’équilibre des comptes de l’hôpital. Dangereux pour les habitants…  qui comptent sur la qualité des soins dispensés, en urgence souvent, à  Montreuil.

Mieux utiliser les moyens disponibles ? Nous sommes pour. Renforcer  les coopérations ? Aussi. Ce sont les voies d’une réforme raisonnable,   débattue avec les personnels et les usagers. Claude Evin, directeur  fraîchement nommé de l’ARS, semble vouloir reprendre le dialogue ? Il  est plus que temps.

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