Pataquès montreuillois…

Depuis plusieurs mois, des militants écologistes et socialistes, mais aussi (ils sont moins nombreux) communistes, et surtout des habitants de Montreuil, « non encartés », mais dotés d’une solide expérience associative ou syndicale, ou d’une forte volonté de s’engager pour que « ça change enfin » ? Montreuil, travaillent ? un projet pour la ville. Semaine après semaine, nous avons attendu que les instances nationales du Parti socialiste, dont les militants locaux ont pris position ? une courte majorité pour une alliance avec nous, prennent une décision. A moins de trois mois du scrutin, la décision… de ne pas décider est mal vécue… Euphémisme. Le sortant se frotte les mains, les militants socialistes se déchirent, les habitants n’y comprennent plus rien… Ci-après la lettre que j’ai adressée aux dirigeants locaux du PS, ? leur demande… Le projet n’y est évoqué qu’? la marge… Et pour cause : leurs questions concernaient essentiellement la répartition des responsabilités en cas de victoire…

? Geneviève DEKERAUTEM, « première des socialistes » pour les prochaines municipales,

? Frédéric MOLOSSI, secrétaire de la section du Parti socialiste de Montreuil,

Chère Geneviève, cher Frédéric,

Nous l’avons constaté, ? l’analyse des résultats des dernières élections comme au contact des habitants de Montreuil : il existe dans notre ville une attente forte de renouvellement des pratiques, des équipes, des projets. Une attente qui pourrait une fois de plus être déçue si nous devions nous montrer incapables d’unir nos forces pour défendre, ensemble, dès le 1er tour, un projet solidaire, écologique, démocratique, pour notre ville.

Cette attente, je veux y répondre. Cette dynamique des forces de gauche, je la souhaite. Les résultats du vote organisé au sein de la section socialiste de Montreuil, concernant les prochaines élections municipales, en constituent le tout premier pas. A la majorité, les militants socialistes ont choisi l’alliance avec les Verts, et je les en remercie chaleureusement.

Ceci dit, et parce que je ne suis pas adepte de la méthode Coué, si largement utilisée ? Montreuil, je constate qu’un nombre important de suffrages s’est porté sur d’autres hypothèses… Certains d’entre vous manifestent une inquiétude, ? l’idée de rompre une alliance ancienne. D’autres, qui l’ont vécue de plus en plus mal au fil du temps, souhaitent être convaincus qu’il ne s’agit pas de passer d’un joug ? un autre. Ces préoccupations, je les comprends mieux que vous ne l’imaginez, tout simplement parce que, issue moi-même d’un petit parti, j’ai eu ? souffrir d’une conception de la politique, fondée essentiellement sur les rapports de force et peu sur les projets.

Il me paraît essentiel, pour surmonter ces difficultés, de prendre désormais une décision rapide, pour que nous puissions engager un vrai travail en commun, confirmer que nous sommes d’accord sur l’essentiel – les valeurs, le projet, les méthodes de travail – et construire entre nous la confiance, la complicité sans lesquelles il est difficile de faire vivre un esprit d’équipe, où chacun se sent reconnu et respecté pour ce qu’il apporte au travail collectif.

Il ne suffira pas d’afficher une volonté de contrer la politique du gouvernement – cette volonté, nous l’avons ! – ni de se dire de gauche, ou de proclamer l’union ! Nos concitoyens attendent de nous que nous soyons capables de transcender nos appartenances et nos engagements partisans pour porter ensemble un projet qui réponde ? leurs besoins, et qui soit porteur d’un renouvellement des pratiques et des méthodes de décision.

Les habitants de Montreuil ne seraient pas dupes d’une « union », qui se limiterait ? une brochette de sigles sur des tracts et des affiches. C’est une dynamique civique, débordant le cadre des partis existants, qu’il s’agit d’impulser. C’est simple ? dire, difficile ? faire : parce que tant de promesses ont été faites que les habitants de Montreuil hésitent ? leur accorder le moindre crédit ; parce que les mots semblent avoir perdu de leur force, au fil des interminables discours qui depuis si longtemps rythment la vie municipale…

Je crois utile de vous confirmer par écrit les propositions que je vous ai faites au cours de nos discussions, dont je me félicite qu’elles se soient déroulées dans une ambiance vraiment fraternelle.

1. Je propose qu’une « co-direction » de campagne se mette en place dans les délais les plus brefs. C’est la première condition d’un travail en confiance : projet, budget, équipe, stratégie, événements, communication etc.

2. Je souhaite que nous puissions, une fois élus, rompre avec une tradition qui confie au maire, et ? lui seul, le soin de fixer les grandes orientations, et de procéder aux arbitrages, pour mettre en place une équipe au fonctionnement collégial, et un réel partage des responsabilités. Dans ce contexte, je n’ai pas de difficulté ? l’idée qu’un socialiste soit premier adjoint, chargé du Budget et des Finances. Pour allier collégialité au sein de l’équipe, cohérence des politiques et mise en responsabilité réelle de chacun des adjoints, je reste convaincue que nous aurions intérêt ? avoir une équipe assez resserrée, avec 12 adjoints maximum. J’ai bien noté que vous préfériez pouvoir partager plus largement les responsabilités, entre davantage de personnes, avec 16 adjoints. Je suis disposée ? me rallier ? cette hypothèse, pour peu qu’on évite la dispersion, facteur d’incohérence et d’irresponsabilité. Et au-del? , que nous travaillions aussi sur un partage équitable des responsabilités au sein d’une future communauté d’agglomération, et au sein des autres institutions (CA, SEM).

3. Je confirme ma proposition d’une liste composée pour 2/3 de militants de nos partis, ? parité, chacune des composantes faisant l’effort de proposer des candidats incarnant le renouvellement des équipes, la parité des sexes, la diversité des parcours et des expériences, l’équilibre du territoire… et celle des « sensibilités » internes ? nos partis, pour garantir l’implication de tous et de chacun. Et pour 1/3 de citoyens impliqués dans notre démarche, que j’hésite ? qualifier du terme galvaudé de « société civile ». Jusqu’? preuve du contraire, la « société civile », c’est nous aussi !

4. Je suis très attachée ? la présence, ? nos côtés, de citoyens qui ne sont membres, ni de votre parti, ni du mien, mais qui, heureux de nous voir travailler ensemble, vont renforcer et aérer l’équipe, apportant une expérience du « terrain », qui, dans certains domaines ou dans certains quartiers, peut – il n’y a pas de honte ? le reconnaître – nous faire défaut. Nous partageons un souci : éviter les gesticulations démagogiques qui ont conduit au choix des candidats, lors des précédentes élections ; éviter la sélection de personnes sur la base d’un dévouement, réel ou présumé, au maire ; associer vraiment ces citoyens au travail de construction du projet, ce qui ne fut pas le cas par le passé… Je souhaite que nous validions ensemble le « troisième tiers » de notre liste. Je partage votre perplexité ? l’égard de la constitution d’un groupe « de la société civile » au sein du Conseil municipal. Il nous faudra inventer autre chose !

5. Concernant le second tour, et consciente du fait que cette question peut avoir un impact au-del? des limites de notre ville, je vous confirme que je suis évidemment disponible pour un large rassemblement des listes de gauche, quel que soit l’ordre d’arrivée de celles-ci au soir du 1er tour. Je suis sûre que vous avez posé cette question au député-maire actuel, et j’espère qu’il vous a apporté une réponse aussi claire que la mienne ? cet instant. Je n’oublie pas, en effet, qu’arrivé en tête en 2001, il a refusé cette perspective… Pour fusionner, il faut être deux !

6. Dernier point : nous serons amenés, si nous faisons liste commune aux élections municipales, ? ne pas présenter de candidats verts dans les deux cantons renouvelables ? Montreuil. Ce qui devrait permettre ? votre parti de concrétiser ses espoirs au niveau départemental. Je suis consciente des efforts ? déployer pour susciter une belle dynamique de campagne. Elle ne sera au rendez-vous que si chacun assume loyalement ses responsabilités, sans faux-fuyants, sans double jeu, sans dissidences, plus ou moins tolérées, plus ou moins organisées.

Voici, chère Geneviève, cher Frédéric, les bases sur lesquelles nous pourrions commencer ? travailler ensemble. Le plus vite sera le mieux !

Comme vous le savez, je travaille depuis plusieurs mois déj? avec une équipe de plusieurs dizaines de personnes, sur le projet notamment. Nous nous réunirons le mardi 18 décembre ? Planète Andalucia (56 rue Emile Zola, près du « quartier BNP », dans le bas Montreuil) pour faire le point, et pour échanger autour d’un verre et de quelques tapas, avant la pause de fin d’année. Je suis heureuse de vous y inviter. Et j’espère que les militants socialistes seront nombreux parmi nous.

La décision vous appartient. Prenez la en toute liberté. Et que la force et la sagesse soient avec vous !


D VOYNET

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