OGM, agro-carburants : il n’y a pas de recette miracle

Semaine difficile pour les porteurs de recettes miracles, pour les zélés défenseurs d’un progrès technique appelé ? résoudre tous les problèmes – y compris ceux posés par la technique elle-même. A Paris, les organismes génétiquement modifiés provoquent le débat, et le désordre dans la majorité. Les députés UMP s’agacent de la « complaisance » de la secrétaire d’Etat ? l’Ecologie (ah… cette bise ? Bové n’en est-elle pas une preuve indélébile ?). Nathalie Kociusko-Morizet s’emporte, avant de s’excuser, contre la « lâcheté » de ceux qui sont censés la soutenir. En Egypte, ? Haïti, au Sénégal et dans plus d’une trentaine d’autres pays confrontés ? des hausses record du prix des produits alimentaires de base, des « émeutes de la faim » éclatent. Parmi les raisons de l’envolée des prix, le développement massif des agrocarburants : quand les céréales servent ? faire rouler les voitures, elles ne peuvent plus nourrir les hommes.

Et pourtant… Sur les OGM comme sur les agro-carburants (ceux-l? même que quelques esprits légers osent toujours appeler carburants « verts » ou « bio »), il s’est trouvé hier des voix pour expliquer doctement que la solution simple, miraculeuse, indolore, c’est de rien changer ? nos habitudes. Et de remplacer les carburants fossiles par des carburants végétaux.

Aux écologistes, inquiets des risques prévisibles de concurrence entre cultures énergétiques et cultures alimentaires, ils répondaient, en les moquant un peu : vous ne pensez tout de même pas que nous allons faire n’importe quoi ? Vous ne pensez tout de même pas que nous n’avons pas pensé aux conséquences ? Et, surtout, vous ne pensez pas sérieusement qu’il est possible de se passer de nos voitures ?

On a vu. Sans surprise. Ils n’avaient pas prévu le désastre annoncé des agro-carburants, ils pleurent aujourd’hui des larmes de crocodile sur les populations – lointaines – victimes de leur impéritie. Ils n’avaient rien prévu, comme aujourd’hui ils refusent d’appréhender ce que seront les risques d’une mise en culture généralisée de plantes génétiquement modifiées qui, nulle part, n’ont prouvé leur efficacité.

Cette semaine, nous le dirons encore, face ? l’arrogance de ceux qui ont (encore) le nombre pour eux et parlent avec la passion de ceux qui ne raisonnent plus, convaincus qu’ils sont que les lois de la nature ne sauraient s’imposer au vote des parlementaires !

Le Sénat procédera ? partir de mercredi ? l’examen en seconde lecture du projet de loi sur les OGM. Je ne suis guère optimiste sur l’issue du vote. Au moins, les sénateurs verts, dont le « chef de file » sur ce dossier est Jacques Müller, useront de ces deux jours de débat pour faire entendre que les choses ne sont décidément pas si simples. Que le monde qui vient sera tissé de questions neuves et nous impose de proscrire les réponses toutes faites. Que ce n’est pas d’abord de plus de technique que nous avons besoin, mais de politique, au meilleur sens du terme, d’intelligence, de créativité et de solidarité.

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