Nuages sur les finances locales

Editorial pour le numéro 21 du journal « Tous Montreuil » du 23 octobre au 5 novembre 2009

« C’est quand même se foutre du monde ! ». Quoi qu’on pense par ailleurs de l’ancien Premier ministre, il faut l’admettre : la formule d’Alain Juppé résume le sentiment des élus de tous bords, à propos de la réforme des finances locales engagée à marche forcée par le gouvernement. Est-il raisonnable, alors que les caisses sont vides, que le déficit budgétaire atteint des records (141 milliards d’euros à la fin de l’année !), et que la crise économique bouleverse tous les repères, d’engager un chantier aussi lourd, au risque de creuser encore la dette ? Bien sûr que non.

A l’heure où j’écris, les nuages continuent pourtant à s’accumuler sur les finances des collectivités locales. Et notamment sur celles des départements, dont les dépenses sociales explosent. Un quart d’entre eux serait au bord de la faillite, affirme Arnaud Montebourg. Il manque 100 millions d’euros pour boucler le budget 2010, alerte Claude Bartolone, président du Conseil général de la Seine-St-Denis.

La situation est grave : rares sont les villes qui ne sont pas en train de procéder à un réexamen douloureux de certaines de leurs politiques, pas parce qu’elles seraient inutiles, mais tout simplement parce que, chacun le pressent, il faudra faire des choix. Et, dans tous les domaines, réapprendre à faire mieux avec, parfois, moins de moyens.

C’est le cas aussi dans le domaine culturel, où on redécouvre que la qualité des projets n’est pas forcément proportionnelle aux crédits engagés. J’en veux pour preuve l’immense succès populaire des « portes ouvertes » des « ateliers d’artistes » à Montreuil le week-end dernier. Des centaines et des centaines d’artistes, chacun avec son style, sa personnalité, ouvrant le lieu où il/elle travaille, pour y accueillir simples curieux, amateurs éclairés ou amoureux des arts. Les ingrédients de ce succès ? Le sens de l’accueil d’abord, et le désir de partager… pour une ville à l’écoute de ses artistes, et fière de leur travail. Les Montreuillois en redemandent ? Ils ont bien raison !

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