Murs ? pêches : enquête publique modification du POS

Lettre de Dominique Voynet au commissaire enquêteur

Montreuil le 6 avril 2006

Objet : Avis dans le cadre de l’enquête publique sur la modification du POS dans le secteur des Murs ? Pêches de Montreuil

Monsieur le Commissaire enquêteur,

L’avis que je souhaite porter sur la modification du POS dans le secteur des murs ? pêches est ? la fois celui d’une citoyenne montreuilloise, mais aussi celui de l’ancienne ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire qui a alors engagé la démarche de classement d’une partie de ce secteur.

La valeur patrimoniale de ce haut lieu de l’horticulture justifiait en lui seul le classement de plusieurs hectares au titre des sites et paysages. L’engagement de l’Etat, alerté par les associations de propriétaires et de riverains du site, s’explique aussi par l’existence de projets d’aménagement successifs, depuis les premiers projets de ZAC en 1988 jusqu’au projet dit « Corajoud » en 1998, largement contestés par les différents acteurs présents sur le site et/ou concernés par son devenir et le patrimoine qu’il représente.

La mise en œuvre du schéma d’aménagement « Corajoud » représentait en effet, pour le Directeur régional de l’Environnement de l’époque, « un projet d’urbanisme qui, en supprimant ou en fragmentant les murs et en construisant sur les parcelles, transformait les caractéristiques essentielles de cet espace témoin du passé horticole de la ville ».

8,5 hectares ont donc été classés le 16 décembre 2003. Il faut déplorer qu’aucune disposition n’ait été prise pour traduire dans les faits les préconisations de la commission supérieure des sites. Les propriétaires n’ont pas été sérieusement informés des conséquences du classement ; les murs continuent ? se dégrader ; et le projet de ZPPAUP, auquel la municipalité ne semblait pas hostile, n’a pas été engagé.

Comment sous-estimer l’intérêt et la richesse que représentent près de 30 hectares potentiellement urbanisables dans une région aussi densément peuplée ? Comment ne pas comprendre les tensions et les convoitises que son aménagement suscite ? Le très controversé projet Corajoud n’a pourtant pas non plus été rediscuté ? l’issue du classement. Il semble qu’il constitue toujours la base sur laquelle la municipalité s’appuie pour demander aujourd’hui de modifier le POS.

Alors qu’est engagée la révision du Schéma Directeur Régional d’Ile de France, alors que la ville est en train d’élaborer son Programme Local d’Urbanisme, la demande de modification du POS apparaît tout ? fait déplacée par rapport aux enjeux, tant du point de vue local que du point de vue régional, que représente l’ensemble du secteur des murs ? pêches.

Je déplore qu’aucun projet d’ensemble n’ait été mis au débat, permettant d’identifier les zones urbanisables, notamment au profit des tziganes installés de façon précaire sur le site, les zones ? aménager en espaces publics, les zones ? protéger, et pourquoi pas, les zones pouvant faire l’objet d’activités agricoles. Je crains que le « règlement de la zone UMAP » annexé ? la demande de modification du POS ne préfigure le règlement ultérieur du site, étendu sans plus de débat au sein de la communauté montreuilloise.

Je crois, Monsieur, en la démocratie locale et j’appelle de mes vœux une concertation large et constructive qui permettra d’élaborer un projet global d’aménagement du secteur des murs ? pêches, prenant en compte ? la fois l’objectif de développement durable et les avis des différents acteurs du site, des tziganes aux descendants d’horticulteurs en passant par les associations.

Ces éléments n’étant pas réunis dans le présent projet, j’émets donc un avis négatif pour la modification du POS concernant la zone actuellement non constructible et dénommée ici « UMAP ». En revanche, je ne suis pas hostile ? la modification concernant l’emplacement réservé C12, d’ores et déj? constructible, en accord avec le plan de déplacements urbain. Le projet de MOUS initié par la municipalité et porté par l’ADEPT constitue en effet une excellente initiative. Je regrette qu’elle ne trouve ici qu’une solution partielle et un peu bancale, sans s’intégrer, une fois de plus, dans un projet global.

Confiante dans l’attention que vous voudrez bien porter ? cet avis, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Commissaire enquêteur, l’expression de ma sincère considération.

Dominique VOYNET

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