Mise au point
Editorial pour le numéro 34 du journal « Tous Montreuil » du 11 au 24 mai 2010
Comment déjouer une rumeur ? S’en défendre, n’est-ce-pas contribuer à la colporter et, paradoxalement, lui donner de la consistance ?
Cette question, je me la suis posée à la lecture d’un tract du PCF, reprenant à son compte un article de l’Express, vieux de plusieurs mois. Il se trouve que cet article a fait l’objet d’un démenti de son auteur, ce que les auteurs du tract savent parfaitement. Ils ne seront donc pas surpris de cette mise au point.
De quoi s’agit-il ?
Interviewé au sujet des projets urbains de la ville, mon directeur de cabinet aurait affirmé, évoquant l’espace public à l’abandon : « Des logements seront construits sur ce foncier libre. Cela augmentera le prix de l’immobilier et éloignera les couches populaires vers les deuxième et troisième couronnes. Mais certains y trouveront leur compte, vendant leur pavillon à des bobos avec une grosse plus-value ».
Il faudrait être totalement idiot et parfaitement cynique pour prononcer ces phrases si elles correspondaient, ne serait-ce qu’un peu, aux intentions de la municipalité !
En vérité, Jacques Archimbaud décrit le mécanisme par lequel les couches populaires sont repoussées de plus en plus loin, sous la pression du marché, dans les villes de 1re couronne, si on n’intervient pas. Il explique pourquoi il faut intervenir ! Et comment la municipalité entend le faire !
Le projet des Hauts de Montreuil vise justement à organiser l’aménagement et l’urbanisation sur le tracé de l’autoroute pour éviter que ne se jettent sur les parcelles disponibles, lors de l’arrivée du tramway, investisseurs et spéculateurs de tout poil. Et pour contraindre les promoteurs à contribuer au financement des voiries et des équipements publics indispensables.
C’est « pharaonique » ? Non. C’est ambitieux, et nécessaire si on ne veut pas reproduire ce qui s’est passé dans le Bas Montreuil.
Être accusée de brader la ville aux appétits privés par ceux qui l’ont transformé en ghetto de bureaux, en faisant fuir ceux qui y vivaient alors, ne manque certes pas de sel. Mais je n’ai pas envie de traiter l’incident par le mépris. Car ce qui est en jeu, au-delà de ma personne et de mon équipe, c’est la qualité du débat démocratique à Montreuil. Une qualité dont nous sommes toutes et tous garants.