Merci, les artistes ! Mon édito dans le journal « Tous Montreuil » du 23 octobre 2012

 

Cette année encore, au cours d’un week-end d’octobre qu’on annonce d’ores et déjà comme fort pluvieux, les artistes de Montreuil ouvriront leurs ateliers, certains pour exposer leur propre travail, dans le lieu où ils cherchent et créent, d’autres pour accueillir d’autres artistes, dont la démarche les touche et fait écho à la leur, ou auxquels ils veulent donner une chance d’être vus.

Qu’est-ce-qui pousse des centaines (des milliers?) de personnes à explorer les rues de Montreuil, à pousser la porte d’un atelier mal chauffé, ou pas chauffé du tout, pour découvrir l’univers d’un artiste ? Bien peu d’entre elles, après avoir hésité – car ce n’est jamais une décision qu’on prend à la légère –  achèteront un dessin, une gravure, une toile, une sculpture, un objet. Mais toutes auront la certitude d’avoir vécu des moments rares, d’avoir fait de belles rencontres, autour d’un verre de jus d’orange et d’une poignée de cacahuètes, d’avoir voyagé au cœur de la ville…
Serait-ce futile de parler de culture quand sévit la crise ? Ne faudrait-il parler que de ce qui va mal, et des inquiétudes que nous partageons ? Bien sûr que non.

Nombreux sont les indices, les arguments – voire les preuves – qui donnent à penser que nous ne sommes pas confrontés à une simple crise, fût-elle mondiale, mais à un tournant dans l’histoire.

Consommer davantage ou retrouver la valeur des choses ? Accélérer encore, au rythme impérieux des réseaux sociaux, des flashs d’infos, des injonctions publicitaires, ou prendre le temps de jouir de ce qui compte vraiment ? Laisser les pulsions primitives prendre le dessus, chacun pour soi, ou reconstruire des solidarités, de voisinage et planétaires ?
Il ne s’agit pas, on l’aura compris, de s’étourdir, de se divertir, pour « oublier » la crise et ses effets, mais bien au contraire de redonner du sens à nos vies, d’aller à l’essentiel, de partir à la rencontre d’autrui, de ce qui le fait vibrer, oser, rêver, pour se trouver ou se retrouver soi-même.

Il suffit pour s’en convaincre de regarder le travail fait par Mathieu Bauer au CDN, mêlant dans son feuilleton théâtral – il faudra attendre décembre pour les prochains épisodes ! – comédiens professionnels et habitants de nos quartiers ; d’écouter le choeur contemporain d’Iphigénie, qui sera à la Parole errante dans quelques jours après avoir été accueilli au château de Versailles ; ou de se glisser un dimanche matin dans l’auditorium du conservatoire…

Merci aux écrivains, aux poètes, aux danseurs, aux musiciens, aux jardiniers, aux comédiens, aux plasticiens, aux cinéastes, sans lesquels Montreuil ne serait pas tout à fait la ville que nous aimons.

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