Marina Petrella : Lettre de Dominique Voynet ? Rachida Dati

Le __Premier Ministre a donc signé le décret__ autorisant l’extradition de __Marina Petrella__. Dominique Voynet, qui soutient depuis plusieurs mois la mobilisation contre cette extradition, a écrit ? la Ministre de la Justice, Rachida Dati, pour lui demander d’y renoncer.

Madame la Ministre,

Au lendemain de la signature par Monsieur François FILLON, Premier ministre, du décret d’extradition de Madame Marina PETRELLA, je souhaite ? nouveau attirer votre attention sur son cas.

Loin de moi la tentation d’excuser les faits commis au cours d’une période douloureuse de l’histoire de l’Italie. Loin de moi la tentation de négliger la détresse des victimes, de leurs proches et de l’opinion italienne… Ce n’est pas de cela qu’il est question ici, mais des voies et moyens par lesquels on peut tenter, alors que Marina PETRELLA vit depuis plus de vingt ans sur le territoire français, de ne pas ajouter de la douleur ? la douleur, de l’injustice ? l’injustice.

Les faits qui lui sont reprochés ont été commis en Italie dans les années 1970. Madame PETRELLA ne nourrit aucune nostalgie de cette époque : elle a rompu avec ce passé, et reconstruit sa vie. Depuis des années, elle travaille au grand jour comme assistante sociale ? Argenteuil. Mariée avec un Français, elle a un enfant âgé de dix ans.

Comme vous le savez, Marina PETRELLA, profondément déprimée, traversée d’élans suicidaires, vient d’être hospitalisée en hôpital psychiatrique pendant cinquante jours, ? la demande des médecins de la prison de Fresnes. Son avocate craint pour sa santé mentale et pour sa vie.

Il me semble, Madame la Ministre, que la France s’honorerait en appliquant la clause humanitaire prévue par la Convention d’extradition franco-italienne signée en 1957. Il ne s’agit pas d’un passe-droit, ou d’une revendication d’exception, mais de la stricte application de la loi, qui prévoit très explicitement des dérogations ? l’incarcération et l’extradition pour raisons médicales.


Je vous remercie, Madame la Ministre, pour la bienveillance avec laquelle vous voudrez bien examiner le dossier de Marina PETRELLA.

Dans l’attente d’une réponse que j’espère favorable, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma haute et sincère considération.

Dominique VOYNET

Remonter