Liberté pour Ingrid Bétancourt

« Ici, nous vivons comme des morts… » Ces mots, écrits de la main d’Ingrid Bétancourt – une écriture formellement authentifiée par ses proches – nous frappent de stupeur et d’effroi. Car ils disent – plus fortement encore que l’image d’Ingrid amaigrie, le regard baissé, les mains serrées, seule, si seule – le désespoir et l’épuisement. Passées les premiers instants de soulagement, une évidence : après Ingrid n’en peut plus. A cet instant, je pense ? Mélanie et Lorenzo, ? Fabrice et Juan Carlos, ? Yolanda et Astrid, et ? tous ceux qui, sans jamais perdre espoir, travaillent jour après jour pour qu’Ingrid, Clara et les autres otages retrouvent la liberté. Pour ceux dont la vie se consume jour après jour dans la jungle colombienne, il y a urgence. Pour Ingrid, qui y croupit depuis 2106 jours et 2106 nuits, il y a urgence. Pour ceux qui les attendent, qui savent qu’il n’existe aucune solution militaire, qui craignent autant les opérations autoritaires de « libération » que l’enlisement diplomatique, il y a urgence.

Pour tous, la médiation du président vénézuélien, Hugo Chavez – le reconnaître n’impose pas de cautionner le « coup d’Etat » constitutionnel qu’il demande aux Colombiens de ratifier par referendum – et de Piedad Cordoba, sénatrice colombienne, reste un espoir sérieux. Il s’agit désormais de convaincre le président colombien, Alvaro Uribe, de jouer cette carte, sans tergiverser. George Bush n’a jamais bougé le petit doigt et n’entend pas le faire : des soldats américains sont pourtant otages des FARC. Nicolas Sarkozy, qui a promis lors de s on élection que « la France n’abandonnerait pas Ingrid Bétancourt », se mobilise, et le fait savoir. Certains s’en inquiètent et craignent que le président français n’en tire profit sur la scène nationale. Qu’importe, si Ingrid retrouve la liberté…

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