L’hiver sans toit

Editorial pour le numéro 22 du journal « Tous Montreuil » du 6 au 19 novembre 2009

« Comment accepter que des êtres humains vivent dans de telles conditions ? »

« Je vous demande instamment d’offrir à ces gens un logement digne avant l’hiver ».

« J’ai été choqué par ces abris de fortune, dignes d’un bidonville du tiers monde ».
Des lettres comme ça, j’en ai reçu beaucoup ces derniers jours, qui me demandent d’apporter l’aide de la ville aux personnes qui se sont installées, sans eau, sans électricité, sans toilettes, sur le terrain en friche d’un propriétaire privé, en face de la Halle Marcel Dufriche.

Qui sont ces gens ? Des Roms, expulsés d’autres sites, d’autres squats, que leur statut de citoyens européens autorise à séjourner sur le territoire national, sans leur donner aucun droit. Des travailleurs pauvres, africains, portugais, polonais, français aussi, qui n’ont pas trouvé de logement à un coût acceptable. Des chômeurs qui ont perdu leur emploi. Des femmes aussi, enceintes, avec des petits enfants. Des personnes malades, souvent âgées. Des jeunes, qui trouvent refuge dans la chaleur du groupe et, souvent, dans l’alcool, et les drogues. Des immigrés de toutes origines, attirés là par la proximité du métro ou celle de la gare routière internationale de Bagnolet. Des SDF enfin.

J’ai bien sûr écrit au ministre du Logement, comme d’autres maires l’ont fait, pour lui rappeler que l’hébergement d’urgence relève des compétences de l’Etat. Et j’ai demandé au préfet de s’engager sans tarder… La situation est grave : les centres d’hébergement sont, avant même que l’hiver ne commence, totalement  saturés. Faute de place, et totalement submergé lui aussi, le 115 oriente les personnes trouvées dans la rue vers des hôtels, un jour ici, le lendemain là, interdisant tout suivi social sérieux..

Il a plu toute la nuit. Ce matin encore, le ciel est sombre, annonçant de nouvelles averses.

Je pense à ces gens, des hommes, des femmes, comme vous, comme moi, qui pataugent dans la boue. Il faut agir, bien sûr. Mais comment le faire sans attiser le sentiment d’injustice qui s’emparerait de ceux qui attendent, parfois depuis des années, un logement décent ?

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