Le Protocole de Kyoto a 10 ans. Et l’essentiel reste ? faire
Aujourd’hui 11 décembre 2007, le Protocole de Kyoto a dix ans. A ce jour, il a été ratifié par 174 pays, et dernièrement par l’Australie grâce au récent changement de gouvernement.
Ci-après, le communiqué de presse publié aujourd’hui par Dominique Voynet.
« En dix ans, la prise de conscience des opinions publiques et, sachons le reconnaître, des gouvernements, a progressé. La publication cette année du 4ème rapport du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique, a notamment contribué ? asseoir définitivement la légitimité scientifique des alertes lancées, et contribué, avec d’autres actions, ? l’obligation de prendre en compte, enfin, l’impact de nos modes de vie sur la planète, sur le climat et sur, finalement, nos vies elles-mêmes.
Le déroulement de la treizième conférence des parties, ouverte ? Bali le 3 décembre et consacrée ? l’après Kyoto, montre pourtant que l’essentiel du travail reste ? faire.
Les débats en cours sur le projet de décision finale laissent apparaître une tentation forte de saborder les objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz ? effet de serre, au profit d’engagements incertains et de vagues promesses de faire mieux. A ce stade, d’après les organisations non gouvernementales présentes sur place, le texte reste très flou sur les moyens et les objectifs de lutte contre la déforestation, pourtant responsable de 18 ? 25 % des émissions mondiales de CO2. On se désole enfin de constater que le projet de décision n’est, ? cette heure, pas complété par un programme de travail précis, fixant les étapes des négociations ? venir pour préparer l’après Kyoto.
Ministre française de l’Environnement en 1997, je conduisais la délégation européenne ? Kyoto lors des négociations qui ont abouti ? la mise en place du Protocole. J’ai pu mesurer alors les difficultés, dans un contexte où la « négligence climatique » était bien plus forte encore qu’aujourd’hui, et plus sûre de son « bon droit ». J’ai aussi mesuré depuis les progrès accomplis.
Mais je sais, par expérience, combien il peut être dangereux de ne se satisfaire que de ce qui a déj? été fait.
La lutte contre les dérèglements climatiques est une course de vitesse, engagée bien avant que les gouvernements ne se décident ? bouger – trop peu, très tard, trop timidement. Si nous voulons vraiment réduire les impacts du réchauffement global et limiter l’augmentation de la température globale ? 2 ° C, nos engagements doivent être incomparablement plus élevés qu’ils ne le sont ; et ils devront être tenus. »
Dominique VOYNET