La peur est revenue
Editorial pour le numéro 67 du journal « Tous Montreuil » du 6 au 19 décembre 2011
« La peur est revenue », martèle le président de la République, en campagne à Toulon. En campagne, même si, officiellement, il n’est pas (encore) candidat. En campagne évidemment, ce qui exaspère ceux qui, à juste titre, dénoncent l’utilisation des moyens de l’État pour galvaniser ses troupes, là où on l’espérerait concentré sur un unique objectif : prendre les décisions qui s’imposent pour sortir de la crise.
« La peur est revenue », dit-il, au risque de l’attiser, et comme s’il fallait faire peur pour convaincre…
Il faut agir, pas pour « rassurer les marchés financiers », terme incantatoire s’il en est, mais parce que la crise – quel que soit le jugement qu’on porte sur ses causes – constitue une réalité terriblement concrète pour ceux qui, déjà, en subissent les conséquences, et au premier rang d’entre elles l’explosion du chômage. Et qu’elle mine les fondements mêmes de notre société, en faisant douter ceux qui sont ses victimes aujourd’hui et ceux qui craignent de l’être demain, de nos valeurs communes.
Refonder l’Union européenne ? Oui, bien sûr, car les peuples européens s’éloignent chaque jour davantage d’une Europe qui s’avère incapable – égoïsme des États membres ? lourdeur des procédures de décision ? inexistence de « dirigeants » choisis pour ne faire d’ombre à personne, de Catherine Ashton à Herman Van Rompuy – de les comprendre et de les protéger.
Mais la refonder comment ? En sommant les peuples de se rallier, dans la précipitation, à une réforme des traités négociée entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, encadrant strictement les déficits budgétaires, donnant un droit de regard sur les budgets des Etats, moyennant une forme de solidarité financière aux contours encore flous ? Quelle légitimité démocratique à ce bricolage ? Quelle ambition sociale pour l’Europe, pour sa jeunesse, ses agriculteurs, ses ouvriers ? Quelle ambition intellectuelle pour ses artistes, ses étudiants, ses chercheurs ?
Pendant ce temps, certains jouent avec le feu. La palme revient à Claude Guéant, pointant encore et encore les étrangers, utilisant plus encore que Brice Hortefeux n’osait le faire, les mots de l’extrême droite. On peut citer aussi, sur un autre registre, ceux qui, à droite comme à gauche, utilisent des termes hérités du siècle dernier pour piétiner soixante ans d’amitié entre la France et l’Allemagne. Qu’on se le dise : Angela Merkel n’est pas Bismarck !
A Montreuil aussi, l’inquiétude gagne. Le 15 décembre, je proposerai au conseil municipal d’augmenter de 80 % le budget du Centre communal d’action sociale, ce qui lui permettra de soutenir de façon plus efficace les personnes isolées, les familles, les personnes âgées, et de revaloriser de façon importante les subventions aux associations qui travaillent dans le secteur social et l’aide aux plus démunis.