Mesdames, messieurs,

Chers amis,

Je ne pourrai pas être avec vous ce midi, mais je tenais ? vous faire savoir, par la voix de Claude Reznik, ma solidarité, et celle de la municipalité de Montreuil, au del? des actes concrets des derniers jours – l’eau, le couvert, les conditions d’hygiène.

Les événements de cette nuit, dont vous avez sans doute eu connaissance, le montrent bien : la politique conduite par MM. Sarkozy et Hortefeux est non seulement un échec sur le plan moral, pour l’idée que nous nous faisons de la tradition d’accueil et de solidarité de la République, mais elle est aussi un puissant et terrible facteur de troubles publics.

La colère de celles et ceux qui, depuis des semaines ou des mois, militent pour la régularisation de leurs proches, de voisins ou de parents d’élèves ; cette colère devant la multiplication des contrôles d’identité, cette colère face au choix d’utiliser la force publique pour aller, plus ou moins au hasard, ? la recherche d’étrangers expulsables pour gonfler les statistiques ; cette colère l? ne s’éteindra pas ? Montreuil parce qu’on enverra la police face aux manifestants.

Les forces de police peuvent faire cesser des troubles ? l’ordre public, et c’est leur travail.

Mais elles ne feront pas cesser, nous le savons, l’indignation qui s’étend face ? des méthodes absurdes, injustes et violentes.

Parce que celles et ceux qui, depuis des semaines ou des années, ont fait savoir aux citoyens sans papiers de notre pays leur solidarité, celles-l? et ceux-l? savent que, derrière les statistiques, derrière les objectifs chiffrés de reconduite ? la frontière, il y a des vies et des visages. Des familles, des parents, des enfants. Des gens normaux, comme on dit, qui vivent dans ce pays parfois depuis dix ans, quinze ans, qui ont un travail, et souvent un travail que beaucoup d’autres ne voudraient pas, des gens dont les enfants fréquentent les mêmes écoles que ceux qui ont des papiers.

Vous avez pris au mot le gouvernement : ceux qui ont un contrat de travail seront régularisés, c’est ce qui a été promis. Voil? le discours. Et que voit-on, dans les faits ? Quelques centaines de régularisations, quand ce sont des milliers de personnes qui sont concernées ! Il faudra bien, pourtant, que notre pays accepte de regarder la réalité en face.

Votre mouvement y aidera, j’en suis persuadée. Et pour cela aussi, vous avez toute ma solidarité.

Dominique VOYNET