Indépendances africaines

Editorial pour le numéro 44 du journal « Tous Montreuil » du 9 au 22 novembre 2010

Elle en aura fait couler de l’encre, en France et bien davantage encore en Afrique, la curieuse décision du chef de l’Etat de faire défiler des militaires africains sur les Champs-Elysées, le jour de la fête nationale française, pour marquer le cinquantenaire des indépendances africaines

La démarche était ambiguë comme le reste, au fond, l’attitude de la France à l’égard de ces pays qui, tout au long de l’année 1960, conquirent leur souveraineté. Cameroun, Sénégal, Togo, Mali, Madagascar, Côte d’Ivoire, Tchad, Mauritanie… 17 pays au total, qui depuis, le souffle euphorique de la liberté jamais dissipé, construisent pas à pas leur indépendance concrète…

Il n’est pas si simple d’inventer une nouvelle relation. Et cette difficulté concerne au moins autant les anciens colonisateurs – qui peinent à se défaire d’un paternalisme hors de propos, et à admettre qu’ils ont autant à recevoir qu’à donner – que les anciens colonisés.

C’est à ce défi que nous convie la Quinzaine des indépendances africaines, qui s’est ouverte ce jeudi 4 novembre à l’Hôtel de Ville de Montreuil. Au fil d’une programmation alliant réflexion et détente, il s’agira d’abord pour nous tous de découvrir ou de redécouvrir la culture africaine dans toutes ses dimensions, et sous toutes les formes, littérature, musique, arts plastiques, artisanat, mode, gastronomie, danse…  Il s’agira aussi d’identifier les freins au développement d’une Afrique qui subit de plein fouet les désordres du monde – la crise économique mondiale, la tension sur les marchés des matières premières, les bouleversements du climat, le poids de la dette… mais qui, riche d’une population jeune, et de ressources considérables sur lesquelles les grandes puissances – Europe, Etats-Unis, et de plus en plus Chine – jettent des regards concupiscents, refuse de s’y résigner et se prend en main.

Il s’agira enfin de reconnaître l’apport particulier des hommes et des femmes venus d’Afrique à l’identité de Montreuil, à sa vie économique, militante, démocratique, et au-delà à la vitalité de la métropole parisienne et de notre pays tout entier.

Je vous invite toutes et tous à participer à cette Quinzaine,  et à contribuer à l’établissement de ces nouvelles relations entre la France et l’Afrique, fondées sur une connaissance réciproque, sur des solidarités concrètes, sur des échanges vrais.

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