Grenelle de l’environnement : réaction de Dominique Voynet
Le Grenelle de l’Environnement vient donc de se terminer. Si le premier jour a permis d’engranger des avancées importantes, en particulier sur l’habitat et sur les transports, la journée d’aujourd’hui aura été bien plus décevante.
Le gel des cultures OGM sera limité ? l’hiver, c’est ? dire ? rien : même pas une mesurette, une non-décision ! Le rétro-pédalage sur les pesticides est un exemple saisissant : on annonce d’abord une mesure ambitieuse, puis on plie, en moins d’une heure, aux exigences des lobbies ! Résultat : aucune décision contraignante, ni même de date butoir. Et, finalement, le Président de la République annonce une mesure qui n’est que l’application des décisions du Parlement européen !
Les annonces sur l’agriculture biologique sont bienvenues, mais elles souffrent toujours d’un manque de cohérence : le même jour, le Ministre de l’Agriculture prévient qu’on ne touchera pas aux modalités françaises d’application de la PAC. Concrètement : les agriculteurs biologiques continueront d’être les plus mal soutenus des agriculteurs.
Le discours de Nicolas Sarkozy, comme on pouvait s’y attendre, ne manque ni de souffle ni d’habillage. Les grandes déclarations, les engagements de principe sont l? . La mise en scène est parfaite. Mais nous ne sommes pas au cinéma : l’enjeu, ce n’est pas le spectacle présidentiel mais la mobilisation qui permettra de hisser notre pays ? la hauteur des enjeux. Et, si l’on veut bien être attentif aux détails, on voit bien que, si les décisions annoncées permettent au moins de rattraper en partie le retard environnemental de la France, nous n’en sommes pas, quoi qu’en dise le Président, ? prendre de l’avance. Il est vrai que Nicolas Sarkozy considère, lui, que « la France n’a pas ? rougir de ce qu’elle a fait jusqu’? présent ».
L’enjeu, soutient avec raison le Président de la République, c’est « d’investir massivement » dans le développement durable. Très bien. Mais où ? Quand ? Sur quels budgets ? Sur quelles marges de manoeuvre ? Je suis bien sûr satisfaite d’entendre, de Nicolas Sarkozy, un diagnostic enfin pertinent de la situation, mais je ne me résouds pas ? ce qu’on s’en tienne l? . Les grands discours, très bien, mais il ne suffit plus de dire, il faut faire, et dire comment on le fait.
Je veux rappeler enfin qu’au cours de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy, avec la même force de conviction qu’aujourd’hui, avait signé le Pacte écologique de Nicolas Hulot, s’engageant ainsi ? en appliquer le contenu. Il appartient ? chacun, pour juger la valeur de la parole donnée, d’évaluer ce qui, dans le discours présidentiel de ce soir, répond effectivement ? la promesse du candidat.