Fraude fiscale : « rien ne peut remplacer l’éthique personnelle », édito dans Tous Montreuil d’avril 2013.
L’affaire Cahuzac a profondément ébranlé notre pays. Et chacun d’entre nous. Scandalisés par la fraude, révoltés par le mensonge, nous sommes aussi dégoûtés par l’emballement médiatique, la surenchère des extrêmes et la frénésie du grand déballage… comme s’il suffisait de publier son patrimoine pour se mettre à l’abri des suspicions, des tentations, des arrangements avec la règle.
Des règles ? Il en faut. Et des moyens pour les faire respecter. Même si je reste convaincue que rien ne peut remplacer l’éthique personnelle, l’exigence pour soi-même d’être exemplaire quand nos concitoyens nous font l’honneur de nous confier un mandat.
Dès mon arrivée à la mairie, j’ai été claire : pas de voitures de fonction, pas de notes de frais, pas de déplacements pris en charge pour un oui, pour un non… Pas non plus d’invitations par des entreprises, des promoteurs ou des syndicats, qui se doivent de fournir des compétences et des services, pas d’offrir des banquets ou des places au stade de France… L’indépendance et la crédibilité des élus sont à ce prix.
Il y a quelques mois encore, les sceptiques ricanaient de l’exigence d’une Eva Joly, caricaturée en « mère fouettarde » venue de Scandinavie pour combattre le clientélisme et la corruption. Il y a désormais consensus pour renforcer la transparence de la vie politique, lutter contre l’évasion fiscale et la délinquance financière, mobiliser, en France et en Europe, les moyens d’une coopération efficace contre les paradis fiscaux ? Je m’en réjouis, même si les parlementaires se contorsionnent encore (quelle misère) pour repousser à… plus tard l’interdiction de cumuler leur mandat avec la responsabilité d’un exécutif local.
Le Président de la République a pris la mesure du problème. Les mesures annoncées (*) vont dans le bon sens. Il faudra veiller à ce qu’elle soient vraiment mises en œuvre, quand l’émotion s’émoussera et que d’autres événements occuperont la première page des journaux. Et surtout, il en faudra d’autres pour sortir d’une crise financière, sociale, politique entretenue, sinon provoquée, par l’incapacité de la communauté internationale et, plus près de nous, de l’Union européenne, à enrayer la financiarisation de l’économie.
(*) On ne m’en voudra pas – une fois n’est pas coutume – de suggérer sur le sujet un article qui résume l’essentiel : http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2013/04/10/la-france-reprend-avec-force-la-main-sur-la-lutte-contre-les-paradis-fiscaux/
Dominique Voynet, Maire de Montreuil
@DominiqueVoynet