Une nouvelle page

Editorial pour le numéro 79 du journal « Tous Montreuil » du 26 juin au 9 juillet 2012

Avec l’élection du (jeune) socialiste Razzy Hammadi à l’Assemblée nationale, les habitants de Montreuil viennent de clore une séquence électorale engagée depuis près d’un an, avec les « primaires » organisées par les principaux partis de gauche pour choisir leurs candidats. Il y eut les présidentielles et la belle victoire de François Hollande, puis dans la foulée, les élections législatives, avec un débat souvent réduit au minimum, à Montreuil comme ailleurs : ne s’agissait-il pas d’abord de consolider le vote de mai et de donner une majorité au nouveau président ?

Les grands meetings ont fait recette, les records d’affluence ont été battus. C’est qu’on se bat désormais à coup de chiffres, 30 000 au Bourget, 60 000 à Bercy ou Marseille, 100 000 peut-être à Vincennes ou à la Concorde. On s’y compte, on y écoute les ténors de son parti, mobilisant toutes les ressources de leur éloquence mais… on n’y débat pas !

Plus près du terrain, les réunions publiques, où l’on questionne, où l’on propose, n’attirent plus guère que les militants. Place aux rassemblements informels, sur une place, au pied d’un immeuble, sous la halle du marché… Place aussi au « porte à porte », à la rencontre d’électeurs qui, de plus en plus, doutent de l’intérêt même du vote.

Dans une circonscription où la gauche s’est trop souvent divisée, où les querelles de personnes l’emportent trop souvent sur le débat d’idées, et où chaque élu, quel que soit la solidité de son ancrage sur le terrain, prétend savoir ce que pensent les habitants et s’exprimer en leur nom, un électeur sur deux à peine s’est rendu aux urnes pour le premier tour des législatives. C’est une réalité qui me préoccupe et m’interpelle. Que les choses soient claires : loin de jeter l’opprobre sur l’électeur distant, ce sont les partis que j’interpelle, et les pratiques politiques que je remets en question…

Notre ville est une ville de gauche, depuis longtemps et – je l’espère – pour longtemps. La droite absente du conseil municipal, la gauche se déchire au Conseil municipal… Les débats y sont vifs, et parfois virulents, mobilisant, au-delà des arguments de fond, attaques personnelles, insinuations vicelardes et contre-vérités manifestes. L’épuisement des corps – au fil de séances nocturnes qui se terminent parfois à des heures avancées de la nuit – accentue la tension. Des délibérations ailleurs consensuelles et votées à l’unanimité font l’objet d’âpres discussions… Incrédules, les observateurs renvoient dos à dos les protagonistes…

Pour ma part, s’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que nos concitoyens, dans cette période de crise profonde, aspirent à une vie politique plus « normale », moins violente, mais pas moins ferme sur les principes.

Comment pourraient-ils nous pardonner de ne pas unir nos forces pour défendre notre hôpital, qui croule sous sa dette malgré la qualité de ses équipes, de ne pas défendre ensemble le retour à une gestion publique de l’eau, de ne pas lutter ensemble pour le renforcement des moyens de notre commissariat et les dotations horaires de nos collèges ?

François Hollande a désormais les moyens de sa politique. Le nouveau député de Montreuil – notre nouveau député – y prendra, j’en suis certaine, toute sa place. Il s’agit désormais, avec lui et avec toutes celles et tous ceux qui ne se satisfont pas de la situation actuelle, d’écrire une nouvelle page dans l’histoire de Montreuil.

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