Discours d’introduction à la « Convention des cadres » le 6 février 2012
Le 6 février 2012 à eu lieu la « convention des cadres » du personnel municipal. à cette occasion j’ai prononcé un discours d’introduction dont voici quelques extraits.
Bonjour à vous tous
C’est la troisième fois que nous nous retrouvons dans ce format, pour un séminaire des cadres qui est organisé avec la municipalité, depuis le début du mandat. Notre rencontre et nos échanges de ce matin sont particulièrement importants.
Ce sont des moments importants, parce que nous entrons dans la dernière ligne droite du mandat. Et qu’après un travail considérable de diagnostic, de diagnostic partagé avec vous, de redéfinition des politiques municipales, de refonte de l’organisation et du fonctionnement de notre collectivité, nous œuvrons tous, désormais, à la réalisation concrète et opérationnelle, des engagements pris devant les montreuillois en 2008.
Ce sont des moments importants, parce que dans le même temps, le contexte économique et social, n’a jamais été aussi préoccupant. La demande sociale explose, le financement des collectivités se raréfie, y comprit pour celles d’entre elles qui sont bien gérées et c’est le cas de la notre. Les attentes de nos concitoyens, vis-à-vis du service public local, sont de plus en plus fortes.
Nous sommes aussi à un moment clé de la montée en puissance de l’intercommunalité, qui modifie en profondeur notre fonctionnement. Je sais que vous vous posez beaucoup de questions, celles et ceux qui ont fait remonter des questions avant la réunion de ce matin ont beaucoup insisté sur ce sujet : les impacts concrets des transferts sur l’activité quotidienne, sur la qualité du service rendu aux habitants. Nous ferons le maximum ce matin pour vous apporter des réponses, les plus précises possibles.
L’actualité interne des dernières semaines, a montré qu’il y avait encore beaucoup à faire, pour améliorer le dialogue social dans notre mairie. Le ton de certains tracts, les insultes contre ma personne, les mensonges, et la parfaite symétrie de certains propos syndicaux avec ceux d’une partie de l’opposition municipale, montrent que ce n’est pas toujours le cas.
Cela nuit gravement à la qualité des relations sociales, qui constituent pourtant un pivot indispensable au bon fonctionnement de notre collectivité. Cela créé une ambiance de travail malsaine au quotidien, qu’il est impératif de faire évoluer dans le bon sens.
J’ai été syndicaliste, tout comme l’a été ou l’est encore la majorité de mon équipe et de mes collaborateurs. J’ai un profond respect pour les hommes et les femmes qui s’engagent dans le combat syndical, pour améliorer les conditions de travail de leurs collègues, et faire progresser la société. J’ai un profond respect pour le plus grand de ces syndicats, en France et à Montreuil qui s’est toujours battu depuis un siècle pour gagner les plus grandes avancées sociales, qui font la fierté de notre pays.
C’est en particulier pour ces raisons, que je ne me résigne pas à accepter notre situation locale, et que j’appelle chacune et chacun d’entre vous, à la lucidité, et à la prudence devant certaines tentatives de manipulation.
Nous pourrons, sans aucune difficulté, aborder pendant le débat le sujet du COS, si vous le souhaitez.
Je suis résolue, comme nous l’avons fait sur les autres politiques, à réformer et renforcer la politique sociale en direction des agents. Ce n’est pas parce qu’une politique existe depuis 45 ans, qu’elle ne doit pas évoluer. Habituellement, on appelle ça du conservatisme…
J’ai écris à chacun d’entre vous, pour vous annoncer ma volonté de renforcer l’action sociale pour le personnel, de mettre fin à des injustices flagrantes, par exemple en ce qui concerne la restauration.
Pour ce qui concerne les activités sociales, je rappelle qu’il s’agit d’argent public, de beaucoup d’argent public. Et oui, la municipalité a son mot à dire, oui la Municipalité est garante de sa bonne utilisation. Je l’assume devant vous, et je l’assume devant les montreuillois.
Nous n’aurons pas à rougir des avancées réalisées pour le personnel pendant ce mandat. Depuis 2008, nous avons créé le comité d’hygiène et de sécurité ; augmenté le régime indemnitaire pour tous les agents ; amélioré les conditions de travail dans de nombreux services, notamment à l’occasion du déménagement ; réalisé pour la première fois une enquête qui permet de détecter les souffrances au travail, pour mieux y remédier ; engagé une démarche innovante pour prévenir les risques psycho-sociaux ; mis en place la prévoyance ; stagiarisé plusieurs centaines d’agents précaires…
Je souhaite encore mettre en place des titres restaurant pour tous les agents, une participation à la mutuelle santé, une allocation de rentrée scolaire et une aide d’urgence pour les coups durs de la vie. Nous sommes prêts à y consacrer des moyens supplémentaires. Mais il faut, pour cela, qu’aboutissent favorablement les négociations engagées avec les organisations syndicales. Si vos représentants ne veulent pas de ces nouvelles mesures, s’ils préfèrent le statut quo, que pour ma part je juge injuste et inéquitable, libre à eux.
La généralisation du système actuel est illégale et impossible, il n’y a pas une ville du département qui consacre autant de moyens à ces sujets d’action sociale et notamment à la restauration, la restauration de si peu de ses agents.
Je veux que nous améliorions les conditions de travail des agents, pour améliorer la qualité du service public, et son efficacité pour la population. Là-aussi, de grands progrès ont été réalisés. Avec deux impératifs : la proximité et la réactivité.
La proximité, c’est aussi le quotidien du personnel de nos crèches, de nos écoles, de nos centres de loisirs, de nos centres de santé, de l’état civil ou encore de la nouvelle mairie annexe. Je suis heureuse et fière de l’ouverture, pendant ce mandat, de nombreux nouveaux équipements, qui vont améliorer la vie des habitants.
Améliorer la réactivité est certainement l’objectif le plus difficile à atteindre. Parce que les demandes sont incroyablement nombreuses, qu’elles augmentent sans cesse, en quantité et en complexité. C’est pourtant souvent sur le délai de réponse à une demande, qu’est jugée la qualité de notre service public par les habitants. Plus parfois que sur son contenu lui-même. La direction générale a entrepris un chantier titanesque, de remise à plat ou de création de toutes les procédures, direction par direction.
Je considère que la montée en puissance de Sesam est un objectif prioritaire de la fin du mandat. La balle n’est pas seulement dans le camp de la direction de l’accueil et de la proximité, mais bien dans celui de chaque direction, de chaque service. Beaucoup d’autres villes y sont parvenues, pour la plus grande satisfaction des usagers, pour le meilleur confort de travail des agents, qui y trouvent au final bien des avantages.
La deuxième priorité de la fin du mandat, et vous n’en serez pas surpris, concerne l’espace public. Parce que les retards accumulés depuis des décennies sont énormes, parce qu’il est, en de nombreux endroits, très dégradé, parce que Montreuil bouge et connait de nombreux chantiers. Mais aussi parce que l’espace public est le lieu du vivre ensemble, et l’image de la ville, je souhaite que nous redoublions d’efforts pour sa rénovation, et pour son entretien. Avec des lignes directrices : l’écologie urbaine et le verdissement, la propreté, l’accessibilité, la réduction de la place de la voiture au profit des circulations douces et des piétons. Ces chantiers concernent des centaines d’agents, qui sont ceux qui travaillent dans les conditions les plus difficiles, dehors et par tous les temps. Et qui mobilisent les budgets parmi les plus importants de notre collectivité. C’est un enjeu capital, et j’en appelle à la mobilisation de tous.
Pour terminer, je voudrais vous dire toute la fierté que j’ai, comme les élus de mon équipe, devant le travail déjà réalisé, devant les projets incroyables qui sont développés à Montreuil. Et je voudrais de tout cœur vous faire partager cette fierté, parce que ce travail c’est avant tout le vôtre.
Montreuil est une ville hors du commun. Une ville unique, exceptionnelle, à tous points de vue, et plus on s’en éloigne, plus on s’en rend compte.
Elle cumule, beaucoup plus que d’autres, les difficultés et les détresses sociales. Les agents de la direction des solidarités et de la tranquillité publique par exemple, mènent un travail très difficile. Mais leur mobilisation constante, leur engagement sans failles aux côtés des plus fragiles, des sinistrés, des exclus, souvent dans l’urgence, permettent de rendre un peu moins insupportables, des situations qui ne devraient pas exister dans notre société. Il faut beaucoup d’empathie, beaucoup d’humanité, beaucoup de professionnalisme encore pour voir l’angoisse derrière le comportement inapproprié, derrière l’insulte, derrière la mise en cause de l’engagement de l’agent, de la part de personnes en détresse.
Mais Montreuil, ce n’est pas que des difficultés, ce n’est pas que de la détresse, et je ne supporte pas le discours qui est parfois tenu sur notre ville comme s’il elle était à la dérive. Car Montreuil bénéficie aussi d’atouts incontournables : sa jeunesse, sa vitalité associative et citoyenne, sa diversité humaine et culturelle, la richesse de ses créateurs, de ses innovateurs sociaux, et de ses entrepreneurs. Là encore, nos services et nos agents, sont en première ligne.
Nos grands équipements culturels, comme les plus petits, enrichissent le quotidien et la vie des habitants, et participent beaucoup du rayonnement de notre ville. L’ouverture prochaine du nouveau Mélies et de la maison des artistes rue de Paris, tout comme la définition en cours d’un futur Musée national du mouvement ouvrier, consacrent le rôle majeur de Montreuil, dans la promotion et la diffusion métropolitaine, d’une culture populaire, démocratique et citoyenne.
La véritable révolution urbaine que connaît Montreuil depuis 2008 est également tout à fait remarquable, et remarquée, au niveau national, et international.
Oui, nous avons modifié, nous modifions en profondeur l’urbanisme de notre ville, dans le but principal de construire, enfin, les logements dont les habitants ont besoin.
Si vous suivez l’actualité politique nationale, et je n’en doute pas, vous savez que tous les candidats à la présidentielle, et en particulier les candidats des partis de gauche qui composent notre conseil municipal, annoncent qu’il n’y a qu’une solution pour tenter de résoudre la terrible crise du logement qui touche notre pays : produire massivement de nouveaux logements, dont une part importante de logements sociaux. Ils l’ont redit la semaine dernière à l’occasion de la présentation du rapport de la fondation Abbé Pierre, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère : 500 000 nouveaux logements par an sont indispensables.
Tout le monde est d’accord avec ça, mais comme d’habitude, il y aurait l’exception montreuilloise : partout ailleurs, c’est bien de construire des logements, mais à Montreuil, pour ces mêmes partis politiques : construire, c’est bétonner… Alors même qu’il reste des milliers de m² de friches, gelées depuis des décennies derrière des palissades, avec des camps de fortune, des squats, à proximité du métro et des transports en commun.
Alors oui, notre projet urbain écologique et social, extrêmement ambitieux, fait école au niveau national. A chaque fois qu’il est présenté dans un débat, une université, dans une association de collectivités locales, un forum, l’assistance est soufflée par les objectifs et les outils qui sont mobilisés pour l’accompagner.
Des architectes, des urbanistes, des étudiants, des habitants, des élus commencent à arriver de toute l’Europe pour s’inspirer de notre action, et ça aussi, c’est un motif de fierté.
Le travail réalisé par les cadres de la direction de l’urbanisme et de l’habitat est hors du commun. Peut-être qu’ils ne réalisent pas encore l’ampleur de ces changements, mais cette expérience, les innovations qu’ils ont développées, et les résultats que nous sommes déjà en train de mesurer concrètement, constitueront pour leur avenir professionnel, un accélérateur de carrière, quels que soient leurs projets futurs.
Et des projets hors du commun, beaucoup d’entre vous en développent. Mais selon une grille de lecture politique traditionnelle dans notre ville, une grille de lecture que je juge pour ma part conservatrice, beaucoup de ces projets ne seraient pas adaptés à Montreuil.
Montreuil n’aurait pas les moyens de mettre en place le plus grand dispositif européen d’insertion de populations Roms, installées depuis des années sur son territoire. (Il faut ici citer un chiffre, le programme d’insertion des ROMS à Montreuil, ça correspond à un café par habitant de Montreuil et par mois depuis 3 ans). Mais Montreuil est citée en exemple par la commission européenne, pour cette politique courageuse et unique, et va, à ce titre, bénéficier de fonds européens pour soutenir son action.
Montreuil n’aurait pas les moyens de construire des écoles et une piscine écologiquement exemplaires. Mais alors quoi, il faut construire des équipements énergivores et polluants ?
Car si Montreuil est regardée de l’extérieur, il faut aussi regarder en dehors de Montreuil. Pendant des décennies cette république municipale indépendante à eu raison contre la terre entière. Cela explique en partie les retards énormes accumulés au niveau des outils, des méthodes, des procédés de construction.
Toutes les autres villes de plus de 100 000 habitants intègrent évidemment les questions de développement durable dans leurs projets, c’est juste normal, c’est juste le monde dans lequel on vit aujourd’hui. Toutes les villes disposent d’un dispositif d’information géographique et d’outils de pilotage, de suivi des politiques municipales. Est-ce anormal d’essayer d’avoir, dans la limite de nos moyens, un temps d’avance sur les législations écologiques ? Quand on construit un équipement c’est pour 50 ans, et nous avons tous intérêt à ce qu’il coûte, en fonctionnement, le moins cher possible à la collectivité. A ce sujet il faut évidemment remercier chaleureusement la direction des bâtiments, car elle assure la maîtrise d’ouvrage de très nombreux projets, complexes pour la plupart, et elle a su intégrer très vite les exigences environnementales et écologiques, souhaitées par la municipalité.
Organiser un meeting international d’athlétisme au beau milieu du quartier en rénovation urbaine de Bel Air Grand Pêchers ;
Réintroduire de l’agriculture en ville, en première couronne, dans le cadre d’un projet fou de restauration du patrimoine horticole de Montreuil ;
Reconstruire, avec ses occupants, un foyer de travailleurs migrants autogéré qui n’est jamais rentré dans aucune case institutionnelle, en le couplant à la création d’un hôtel associatif dédié à la solidarité internationale et au développement durable ;
Autoriser un groupe de femmes âgées militantes, à expérimenter le projet de vie commune, pour lequel elles se battaient, sans succès, depuis 10 ans ;
Fermer une autoroute, pour laisser la place à une initiative habitante, écologique et citoyenne ;
Ouvrir le journal municipal à la diversité des opinions, inventer les liens de convivialité qui font le lien entre Montreuil d’hier et Montreuil d’aujourd’hui, comme la fête de la Libération ; il faut ici saluer la direction de la communication pour sa créativité.
Créer un service de la médiation sociale, dont l’action permet de régler des dizaines de conflits du vivre ensemble, sans recourir à la police nationale ;
Réquisitionner un hangar et l’équiper en huit jours avec du matériel HCR, pour mettre à l’abri de l’hiver 250 africains jetés à la rue ;
Accompagner l’arrivée du Tramway en prévoyant le renouvellement urbain, au lieu d’observer la frénésie des promoteurs sur cette manne, et cela sans saccager les murs à pêches dédiés à l’agriculture et à la culture.
Certains nous disent que tout ça n’est pas pour Montreuil. Laissez moi le dire aussi clairement que je le pense : la nostalgie de la routine bien rodée du passé ne nous aidera pas à protéger l’avenir.
Je veux que nous puissions soutenir les efforts de ceux qui font Montreuil aujourd’hui, dans le monde associatif, dans le monde syndical, dans le monde de l’entreprise aussi, et citer ici les efforts des jeunes entrepreneurs de Montreuil réunis en réseau, sans rien demander à la ville, pour créer des emplois, nouer des liens entre eux, mutualiser des moyens, et faire vivre ce label « Made in Montreuil » à l’extérieur des frontières de la ville.
Nous considérons, pour notre part, que c’est faire honneur à Montreuil, à son histoire de luttes et de conquêtes sociales, de militantisme et d’engagement politique, syndical, associatif et citoyen, que de considérer que la ville doit rester à la pointe de l’innovation sociale, mais aussi le devenir dans le domaine de l’innovation écologique.
Ces projets, ce projet exceptionnel, c’est vous qui le mettez en œuvre, c’est vous qui le rendez possible. Avec leur charge de travail, le nez dans le guidon en permanence, les cadres n’ont pas toujours l’occasion de prendre le recul nécessaire pour réaliser l’ampleur de l’action conduite.
Mais je vous le dis sans détours, j’ai bien l’intention d’être réélue en 2014. Et quelles que soient les évolutions démocratiques des décennies à venir, lorsque les historiens se pencheront sur le mandat que nous vivons actuellement, ils ne pourront que constater le grand bond en avant, et les avancées sociales et écologiques majeures réalisées pendant les 6 premières années. Cette histoire, vous l’écrivez avec nous à votre poste de travail, avec vos équipes.
Au nom de la municipalité, au nom des montreuillois, je veux du fond du coeur vous adresser mes plus vifs remerciements pour cet engagement, pour votre professionnalisme, pour votre efficacité.
Et puis, plus que jamais je veux vous dire que j’ai confiance. Confiance en nous, confiance en vous, confiance en notre projet, confiance en notre action collective.
Pour terminer en une phrase, certains d’entre vous ont posé la question du sens de ma présence ici : « qu’est ce qui vous motive ? Qu’est ce qui vous fait courir ? ».
Je suis écologiste, et depuis longtemps. Je veux montrer ici, à Montreuil, que l’écologie n’est pas réservée à ceux qui ont déjà tout. Je veux démontrer que l’écologie est populaire, qu’elle permet d’aider la gauche à se renouveler, qu’elle permet de moderniser dans le bon sens le logiciel de la gauche.
Et je suis aussi une femme de gauche, je veux rester fidèle aux valeurs de Montreuil, dans un monde qui change vite, dans un monde ou elles pourraient être balayées si ne n’y prenions garde.
C’est mon ambition pour Montreuil je crois que c’est celle de toutes notre équipe, c’est la votre aussi je crois.
Merci de vous engager avec nous pour changer Montreuil sans perdre ce qui est essentiel, nos valeurs communes, de solidarité, de justice, s’adressant à chacune et chacun des habitants de la ville, qu’il ait ou non des papiers, qu’il soit un jeune qui nait au centre hospitalier intercommunal, ou une personne âgée vouée à la solitude dans les quartiers, où certains services manquent encore.
Merci à vous tous pour cet engagement.