« Des logements partout et pour tous »

Editorial pour le numéro 74 du journal « Tous Montreuil » du 3 au 16 avril 2012

Les Montreuillois auront sans doute aperçu cette affiche sur les murs de la ville, qui plaide, au nom d’un parti que je ne citerai pas – élections obligent – pour la construction de 50 000 logements sociaux chaque année en Ile-de-France. On peut discuter du chiffre, un peu plus, un peu moins, pas de la réalité des besoins, pas de leur ampleur, pas de l’urgence.

La Fondation Abbé Pierre l’a rappelé au tout début de cette campagne, et les principaux candidats lui ont donné raison : il faut construire. Assez pour loger dignement les habitants de nos villes, et pour pouvoir détruire, quand on ne peut les réhabiliter, les taudis insalubres.

Construire donc, mais où ? Ailleurs forcément, comme le demande tel élu, confortablement logé, lui, qui suggère aux mal logés de Montreuil d’attendre qu’on construise à Neuilly ou au Raincy ? Ou « partout », comme le demande l’affiche évoquée plus haut ?

A Montreuil comme ailleurs en première couronne, l’espace est compté. Nous avons de beaux parcs, mais les squares, les jardins, les espaces verts de proximité manquent cruellement. Et puis, il est hors de question de construire des logements là où les transports publics sont défaillants ; là où la boulangerie, la boucherie, la poste, le café, ne pourraient pas s’installer aussi ; là où nous ne pourrions construire d’écoles, de crèches, de terrains de sport, d’équipements de quartier !

Construire donc, mais pas n’importe comment. Négocier avec les offices HLM comme avec les promoteurs privés, pour une bonne insertion des bâtiments, une maîtrise des volumes, une qualité optimale de l’isolation et des matériaux, une conduite des travaux respectueuse des voisins. Résorber les « dents creuses » bordées de palissades derrière lesquelles s’entassent déchets et cabanes de fortune. Réaménager des îlots entiers avec, toujours, le souci de la mixité sociale, des services à la population et de la diversité des formes d’habiter : locatif social et très social, logements intermédiaires, accession sociale, accession libre, logements étudiants, résidences pour personnes âgées…

Comme d’autres hier, qui ont su prendre leurs responsabilités, aux lendemains de la seconde guerre mondiale, puis lors du babyboom des années 60, en construisant des immeubles confortables au regard des standards de l’époque, au Bel Air, à la Noue, ou à la Boissière, nous sommes, et nous l’assumons avec fierté, des élus bâtisseurs. Bâtisseurs, pas bétonneurs. La nuance est d’importance. Vraiment.

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