Débat démocratique

Editorial pour le numéro 71 du journal « Tous Montreuil » du 14 février au 5 mars 2012

Il y a ceux que ça passionne et ceux que ça n’intéresse pas ; ceux qui s’en délectent et ceux que la perspective d’un printemps électoral, déjà, agace ou exaspère ; ceux qui votent toujours, ceux qui voteront pour la première fois, ceux qui n’ont pas le droit de voter… Au marché, à l’arrêt de bus, autour de la machine à café, on commente le sondage du jour, les petites phrases des candidats, la mine, réjouie ou préoccupée, des équipes. On s’indigne de la mobilisation des moyens de l’État au profit de celui qui, pourtant, n’est pas encore

officiellement candidat. Et on se gausse du recrutement de faux ouvriers/vrais figurants sur un chantier glacial, où il était venu parler de logement. On s’interroge sur la disparition de l’extrême gauche, les difficultés des écologistes, la consistance du changement qui, à tous les étages, nous est promis. On s’inquiète de la défiance à l’égard de la politique – tous partis confondus – qui pourrait conduire les électeurs à se détourner des urnes. Et on s’indigne des débordements haineux de ceux pour lesquels il s’agit d’abord d’agréger les mécontents. À Montreuil comme ailleurs, et même plus qu’ailleurs, la campagne bat son plein. On colle, on distribue, on interpelle. Le plus souvent avec des arguments de conviction et la foi du charbonnier. Mais parfois, aussi, en utilisant le mensonge, en attisant les peurs et les préjugés, en colportant les rumeurs les plus dégradantes, les plus déplaisantes.

J’ai eu l’occasion d’évoquer ce sujet, déjà, dans un précédent billet. Distillée depuis plus de deux ans de banquet en réunion de quartier, de la cité de l’Espoir à La Noue, des Morillons à la place Carnot, l’une de ces rumeurs me concerne très directement ; et il ne se passe pas de jour sans qu’on me demande si « c’est vrai que vous habitez à Vincennes ? ». Non, je n’habite pas à Vincennes, et ceux qui relaient la rumeur le savent bien ! J’habite à Montreuil, à la même adresse depuis des années, dans la maison où je vivais déjà avec ma famille bien avant de me présenter aux élections municipales !

Les habitants de Montreuil ont droit à un débat démocratique de bonne facture. Se laisseront-ils impressionner par la guerre conduite nuit après nuit pour la maîtrise de l’affichage, et pas seulement sur les panneaux faits pour ça ? Choisiront-ils ceux qui auront souillé de leurs autocollants le plus grand nombre de poteaux et de poubelles ? Je ne le crois pas… Je souhaite à chacun de nos concitoyens de pouvoir faire son choix sans pression, en toute liberté, loin d’une conception polémique et violente du débat démocratique qui n’est pas la mienne et à laquelle je n’ai pas l’intention de m’habituer.

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