De l’art de la fuite…

Editorial pour le numéro 23 du journal « Tous Montreuil » du 20 novembre au 3 décembre 2009

Le Président de la République est un habitué du Congrès de l’Association des Maires de France. Mais cette année, il n’ira pas. Car la colère gronde, aussi fort à droite qu’à gauche, chez les élus, excédés d’être montrés du doigt.

Alors que le gouvernement se montre incapable ne serait-ce que de stabiliser la dette de la France – qui augmentera de 150 milliards d’euros pour la seule année 2009 – il tente d’en rendre responsables les collectivités locales, pourtant bien plus économes.

En vérité, si elles ont engagé des dépenses, c’est pour réaliser les équipements publics justifiés par l’augmentation de la population, dans le domaine éducatif, sportif, culturel ; c’est pour répondre à de nouvelles normes, dans le domaine de l’accueil des jeunes enfants, de la sécurité des bâtiments ou de leur accessibilité aux personnes handicapées ; c’est pour pallier au désengagement de l’Etat, qui leur a transféré de nouvelles responsabilités sans leur accorder les moyens indispensables : entretien des routes nationales, prise en charge du RMI-RSA et de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, gestion des personnels techniciens, ouvriers et de services des lycées et collèges etc.

La coupe est pleine. D’un côté le bouclier fiscal, qui épargne les plus gros contribuables, auxquels l’Etat rembourse une partie de leurs impôts. De l’autre, des départements et des communes déstabilisées par la réforme improvisée de la taxe professionnelle, privées des moyens indispensables pour faire fonctionner les services publics locaux, rénover les restaurants scolaires, moderniser l’éclairage public, offrir des places de crèches, construire des logements…

Le monde a changé. Les attentes et les besoins des citoyens ont évolué. Chacun est conscient de la lourdeur et de la complexité du « mille-feuille » institutionnel français, qui génère lenteurs et surcoûts. Et personne ne conteste sérieusement la nécessité d’une réforme, s’il s’agit de dire clairement qui fait quoi, qui finance quoi, et comment. S’organiser pour mieux répondre aux besoins ? Être plus efficace ? Réduire les inégalités entre les populations et entre les territoires ? Rendre des comptes ? Bien sûr. Nous y sommes prêts, et vous aussi.

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