Crue centennale : il faut se préparer !

Dominique Voynet préside, au sein de l’Association des Maires d’Ile de France, une commission qui travaille sur la question des « risques majeurs », tant industriels que naturels. A l’occasion du centenaire de la crue qui avait inondé Paris en 1910, et alors que les scientifiques s’accordent sur le fait qu’une crue de grande ampleur a de fortes chances de survenir ? nouveau, le moment était opportun pour évoquer le plan de prévention qui devra être mis oeuvre en pareille circonstance…

Dominique Voynet a d’abord organisé la diffusion, le 1er avril au Sénat, d’un documentaire fiction produit par la société Bonne Pioche. Celui-ci a permis ? la centaine de maires Franciliens et de responsables des plans de prévention présents, de se faire une idée plus précise des multiples implications induites d’une telle crue. Un débat a ensuite eu lieu ? l’occasion des Assises de l’AMIF, le 15 avril dernier, autour de la question de la prévention de ce risque. Aux côtés de Dominique Voynet, étaient notamment présentes Mme Martine Monteuil, Préfète et Secrétaire Générale de la zone défense de Paris, ainsi que Mme Anne Le Strat, adjointe au Maire de Paris et Présidente d’Eau de Paris.

Retrouvez l’interview de Dominique Voynet au magazine de l’AMIF, réalisé ? cette occasion :

AMIF : Quelles seraient les vulnérabilités de l’Ile-de-France en cas de crue centennale ?

D. Voynet : Comme pour l’ensemble des crues et des inondations de grande ampleur, les risques sont connus. On peut d’abord craindre pour la vie des habitants. La tempête Xinthia, tout dernièrement, est venue le rappeler douloureusement. Les dégâts infligés aux infrastructures publiques et aux biens privés peuvent également être considérables. Ils sont susceptibles d’engendrer une certaine paralysie des moyens de transport et de communication et de lourdes pertes financières. Concernant plus particulièrement le bassin parisien, celui-ci se caractérise par des pentes relativement faibles. En conséquence, une crue de l’ampleur de celle de 1910 pourrait ? nouveau se traduire par une inondation durable, de l’ordre de plusieurs semaines. Dans un tel cas de figure, la sécurité sanitaire, avec la question du traitement des déchets, de la production d’eau potable, du relogement des personnes sinistrées et du maintien en état du réseau électrique constitueraient les préoccupations essentielles auxquelles nous devons nous préparer dès aujourd’hui.

AMIF : Quelles sont les outils d’information et de sensibilisation existants ?

D. Voynet : Les analyses cartographiques et les simulations réalisées par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile de France (IAURIF) permettent d’identifier précisément les zones exposées au risque d’inondation, de part et d’autre de la Seine. Par ailleurs, les Plans de Prévention du Risque Inondation (PPRI) ont pour fonction d’anticiper les conséquences possibles d’une montée des eaux. Ils constituent un outil important mais la question se pose d’une vision globale réunissant l’ensemble des informations collectées et des moyens prévus pour parer ? un tel évènement. Plus concrètement, des barrages ont été érigés en amont de Paris, permettant le cas échéant de retenir une partie des eaux puis de les relâcher au moment de la décrue. Des champs d’inondation ont aussi été imaginés pour amortir la force de cette possible crue. Ceci étant dit, le risque zéro n’existe pas et ces moyens n’empêcheront pas totalement l’inondation, d’autant que, depuis 1910, de nombreux logements et bureaux ont été installés en bordure de Seine. Plus généralement, comme pour les risques industriels, la question de la collecte d’information et de son partage constituent un enjeu démocratique majeur.

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