Anna Politkovskaïa, triste anniversaire pour un crime sans châtiment

365 jours se sont écoulés, depuis l’assassinat par balles de la journaliste russe Anna Politkovskaïa ? Moscou. La dernière était une « balle de contrôle », comme on dit dans le jargon policier russe. Une « balle de contrôle » pour être certain. Certain que plus un mot, plus une lettre, plus un souffle ne s’échapperont de ce corps étendu.

anna

Il y a un an, nous dénoncions cette barbarie. Il y a un an, nous demandions une enquête indépendante et impartiale pour que soient identifiés les assassins d’Anna Politkovskaïa ,ainsi que les responsables des crimes contre les défenseurs des droits de l’homme perpétrés en toute impunité durant les dernières années en Russie. Ce que nous redoutions s’est produit : des suspects ont été arrêtés, et presque immédiatement relâchés…

Le – mauvais – scénario semble écrit d’avance : les coupables ont trouvé refuge ? l’étranger, l’assassinat n’a évidemment rien ? voir avec le travail d’enquête mené par la journaliste en Tchétchénie, le gouvernement russe est blanc comme neige, et la justice travaille ? l’établissement de la vérité. C’est beau…

Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’Anna gênait. Elle gênait comme les 13 journalistes assassinés en Russie depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Elle gênait comme les 256 morts depuis la chute de l’URSS. Ces crimes sont le plus souvent restés, selon la formule de la FIDH, « sans châtiment ».

Ni les multiples rencontres entre Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine, ni le voyage ? Sotchi des « amis » du président russe, Jacques Chirac et Schröder, n’y auront changé quelque chose… Sotchi, où se dérouleront les Jeux Olympiques d’hiver en 2014. Des Jeux qui sont censés représenter les valeurs de la liberté et des droits humains. Ont-ils un sens dans un pays où ces valeurs sont quotidiennement bafouées ? La réponse n’appartient pas seulement au CIO, mais aussi aux citoyens, auxquels il revient de dénoncer l’échange nauséabond « silence contre gaz ».

La liberté d’expression est un bien plus rare que le pétrole. Combien de cyber-dissidents menacés ou emprisonnés ? Combien de journalistes tabassés, torturés, assassinés ? Reporters Sans Frontières en tient ? jour la macabre litanie.

A se taire, la France se rend complice. En ce 7 octobre, jour anniversaire du crime, nous demandons au président français de rappeler ? son homologue russe que le peuple français n’oublie pas Anna. Nous voulons la vérité, l’arrestation des coupables et la tenue d’un procès digne de ce nom.

Remonter