Décès de Roger Belbéoc’h

J’ai appris avec tristesse le dècès, le 27 décembre dernier, de Roger Belbéoc’h.

Il était un militant antinucléaire que la conviction qu’il déployait à convaincre de l’urgence de sortir de l’impasse paraissait ne jamais épuiser. Un scientifique qui, jamais, n’avait perdu de vue le mot de Rabelais selon lequel « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Pressé de nous alerter, nous ses contemporains, des risques que fait peser sur notre présent et notre avenir la poursuite de l’aventure nucléaire, il ne comptait rien de son temps ni de ses efforts à analyser et contredire, point par point et jamais l’un sans l’autre, les mensonges répétés de l’industrie électronucléaire.

Nous n’étions pas d’accord sur tout. Ni sur le rythme d’une sortie possible du nucléaire en France ni sur le crédit ou l’importance à accorder à telle ou telle décision gouvernementale, notamment lorsque j’étais moi-même membre du gouvernement. Il faisait partie de ceux qui ne m’ont pas forcément épargnée lorsqu’il m’a fallu prendre des décisions difficiles. Mais je n’oublie rien de sa volonté intransigeante et salutaire d’avoir toujours voulu voir primer, sur les besoins immédiats du combat antinucléaire, la nécessité de préserver sa vision du long terme, l’impérieuse obligation de rappeler, toujours, que la sortie du nucléaire était la seule voie pour assurer, aussi vite que possible, la sécurité de tous.

Aujourd’hui, je pense à Bella Belbéoc’h, son épouse, à leurs enfants et leurs proches.

Et j’ose espérer que, dans quelques mois, une majorité nouvelle saura, pour notre pays, prendre les décisions qui sauront enfin rendre justice au combat de tant et tant de militants, de savants et d’activistes qui, depuis tant de temps, disent et redisent que, décidément, la poursuite de la fuite en avant nucléaire ne saurait être l’horizon désirable de notre avenir énergétique.

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