Vaclav Havel pourra inspirer longtemps encore nos propres vies

Je suis de cette génération que Vaclav Havel  a inspirée, parfois fascinée. Artiste et dissident, écrivain et homme politique, porte-parole d’une révolution devenu président d’une nation, sa vie paraissait en porter plusieurs, toutes animées de cette exigence rare de dire la vérité – au risque de déplaire – et de conformer son action à ses principes.

Dans l’enfer banalisé de la normalisation soviétique qui ,après le printemps de Prague, avait saisi son pays, il avait su, pour le dire comme Adam Michnik, « parler avec sa propre voix », cette voix qui, avec d’autres, avait fini par emporter la dictature communiste. Devenu chef d’État, il n’avait pas renoncé, dans l’exercice du pouvoir, à l’ambition de rendre le pouvoir aux « sans-pouvoir ».

Je n’ai rencontré Vaclav Havel que deux fois. La première, c’était à Prague, lors d’une réunion de l’Assemblée européenne des citoyens. Nous étions quelques semaines avant son accession à la Présidence, et si ce jour-là, on lui avait prédit cet avenir, il n’y aurait pas cru lui-même. Dix ans plus tard, lors de sa visite officielle à Paris après la tempête de 1999, j’avais été frappée par cette franchise, modeste et presque déroutante, d’un homme déjà entré dans l’Histoire.

Les leçons de son héritage ne s’épuiseront ni en un jour ni en un mois. Il restera beaucoup à écrire et à penser de sa vie. Dans les temps troubles que nous vivons, où le confort de nos certitudes passées n’est d’aucun usage, les leçons de Vaclav Havel seront précieuses. Nous pourrons, encore longtemps, être inspirés par son courage et son audace visionnaire, ce regard qui ne s’arrête pas à l’horizon immédiat, mais sait regarder plus loin.

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